Les Celtes ont souvent été dénigrés en raison de plusieurs facteurs historiques et culturels. Les Romains, en tant que conquérants de nombreux territoires celtiques, ont décrit les Celtes à travers le prisme de leurs propres valeurs et préjugés, souvent en les qualifiant de “barbares”. Cette vision a été renforcée par le fait que les Celtes n’ont pas laissé de traces écrites de leur histoire, ce qui a permis à leurs ennemis, comme les Grecs et les Romains, de façonner l’image que nous avons d’eux.
La vision du barbare est un stéréotype ancien, né durant l’Antiquité, où par définition, tout peuple qui n’est ni grec ni romain est considéré comme tel. Les recherches archéologiques et historiques récentes ont depuis commencé à bousculer ces préjugés sur les Celtes, en montrant qu’ils étaient en réalité un peuple avec une civilisation avancée.
En somme, s’intéresser à l’histoire des Celtes permet de mieux comprendre la complexité de notre passé, de reconnaître la richesse de l’héritage culturel européen et de réfléchir sur les fondements de notre identité contemporaine. C’est la raison pour laquelle je souhaite vous en dire quelques mots.
Des origines à l’expansion des Celtes
Les origines des Celtes sont généralement situées en Europe centrale, le long des plaines du Danube. Dès 2000 ans avant notre ère, les Celtes commencèrent à s’installer dans cette région, avant de se déplacer et d’occuper progressivement une grande partie de l’Europe. Leur expansion est marquée par deux périodes principales : la période de Hallstatt (environ 800 à 500 av. J.-C.) représentée par le jaune sur la carte ci-dessous, et la période de La Tène (entre environ de 450 à 25 ans av. J.-C.) en vert clair sur la carte.
Des peuples aux vastes connaissances
Je ne peux que citer brièvement les nombreuses compétences pour lesquelles les Celtes étaient reconnues. Ces derniers avaient en effet un savoir-faire particulièrement développé dans la fabrication du fer et du bronze. Ils sont crédités de l’invention de la cotte de mailles et des épées longues, ainsi que de l’utilisation du tonneau cerclé de fer pour conserver la cervoise. Leur compétence en métallurgie était également reconnue à travers leurs bijoux, armes et outils utilitaires.
Ils étaient par ailleurs des agriculteurs et éleveurs compétents, élevant des porcs, des bovins, des moutons, des chèvres et des chevaux, et pratiquant la culture de céréales comme l’orge et le blé. Comme le rappelle Marie-Amélie Carpio : “Ils pratiquent une agriculture lourde, avec un certain nombre de techniques plus avancées que celles des Romains. Ils ont inventé la charrue, une moissonneuse rudimentaire et la meule rotative. Ils sont aussi à l’origine de la faux, ce qui signifie qu’ils stockent du foin, et qu’ils peuvent garder leur bétail l’hiver.“
Une maîtrise des sciences du bois
Les Celtes avaient d’excellentes compétences en construction, ayant bâti des maisons, des fortifications et des ponts. Et pour cause, le travail du bois chez les Celtes regroupait plusieurs corps de métier, dont les bûcherons, les charbonniers, les menuisiers, les charpentiers, et les tonneliers. Ces artisans étaient capables de créer une variété d’objets et de structures, allant des outils quotidiens aux éléments architecturaux plus complexes. Avant la romanisation, les Celtes travaillaient peu la pierre, préférant les matériaux végétaux comme le bois pour la construction de leurs bâtiments. Je vous recommande d’ailleurs la lecture de mon article concernant la maison celte, qui pourrait devenir l’habitat du futur.
Les autres compétences des Celtes
Les Celtes étaient également reconnus pour leur habillement coloré et leur pratique possible du tatouage. Ils étaient des commerçants habiles, vendant leurs inventions et avancées technologiques. De plus, ils avaient des compétences en navigation et en commerce maritime, comme en témoignent leurs contacts avec les Grecs.
Une religion liée à la nature
La religion des Celtes était polythéiste et animiste, caractérisée par la vénération de la nature, des animaux, et de nombreux dieux et déesses régissant divers aspects de la vie quotidienne et naturelle. Cette religion reste partiellement obscure en raison du manque de documents écrits par les Celtes eux-mêmes. Cependant, des informations ont été glanées à travers l’archéologie ou les récits d’auteurs classiques. Les traditions orales préservées dans les textes médiévaux des îles britanniques ont aussi été étudiées.
Les pratiques religieuses incluaient des offrandes votives ainsi que des sacrifices d’animaux. La pratique des sacrifices humains semble avoir été moins commune et peut-être exagérée par des sources romaines. Les Celtes pratiquaient également le dépôt d’objets avec les morts. Cela témoigne d’une croyance en une vie après la mort.
Sous l’influence romaine, et plus tard chrétienne, la religion celtique a subi des transformations significatives. Beaucoup de fêtes et de pratiques religieuses celtiques ont été assimilées ou adaptées par le christianisme. Je vous invite à lire mon article des origines celtes et païennes des fêtes chrétiennes si cela vous intéresse.
L’importance des druides chez les Celtes
Comment ne pas parler des Celtes sans évoquer les druides ? Ces derniers jouaient un rôle central chez les peuples celtes. Ils étaient à la fois prêtres, législateurs, et savants, responsables de la conduite des cérémonies religieuses, de l’éducation des jeunes, et de la préservation des connaissances et des traditions orales.
Les druides conseillaient en effet les dirigeants et présidaient les cours de justice, délibérant sur les conflits communautaires. Leur statut élevé est également attesté par leur exemption des obligations militaires et des impôts.
Ils jouaient un rôle d’éducateurs, dispensant un apprentissage aux élèves les plus prometteurs qui souhaitaient devenir druides. En tant que guérisseurs, ils fabriquaient des potions médicinales, souvent en utilisant des plantes sacrées telles que le gui.
Malgré leur importance, les druides ont finalement décliné sous la pression de la conquête romaine et de la christianisation de l’Europe. Leurs influences a diminué et ont fini par s’éteindre sans laisser beaucoup de traces tangibles.
Les langues celtiques
Les langues celtiques continentales étaient parlées en Europe et en Anatolie. Elles comprenaient le lépontique, le gaulois, le galate, le norique, le celtibère, et le gallaïque. Ces langues ont été progressivement remplacées ou absorbées par d’autres langues, principalement à cause de l’expansion romaine et des migrations germaniques. Le gaulois, par exemple, était parlé dans ce qui est aujourd’hui la France, la Belgique, la Suisse, et dans des parties de l’Italie, de l’Allemagne, et de l’Espagne. Il a commencé à décliner après la conquête romaine de la Gaule au 1er siècle avant notre ère, bien que certains éléments aient survécu dans le latin vulgaire qui a donné naissance aux langues romanes.
Malgré les pressions historiques, les langues celtiques ont survécu jusqu’à nos jours, bien que leur usage ait considérablement varié. Le gallois et l’irlandais, par exemple, bénéficient d’un soutien institutionnel et sont enseignés dans les écoles, tandis que le cornique et le mannois ont connu des efforts de revitalisation après avoir été considérés comme éteints ou presque éteints.
Le français moderne conserve moins d’une centaine de mots d’origine celtique, principalement dans le domaine rural. Parmi eux, on trouve des termes comme “sillon”, “glaner”, “charrue”, “galet”, “tonneau”, “ruche”, et “druide”. Ces termes reflètent des aspects de la vie quotidienne et de l’environnement naturel des peuples gaulois.
Au fait, quelle est la différence entre les Celtes et les Gaulois ?
La différence entre les Celtes et les Gaulois réside principalement dans l’étendue géographique et la spécificité culturelle. Le terme “Celtes” désigne un ensemble plus large de peuples indo-européens partageant des langues et une culture celtiques, répartis sur un vaste territoire qui s’étendait à travers l’Europe, de la mer Noire aux îles britanniques.
Le mot “Gaulois” se réfère spécifiquement aux Celtes qui se sont établis en Gaule, une région qui correspond approximativement à l’actuelle France, ainsi qu’à certaines parties des pays voisins. Les Gaulois sont donc un sous-groupe des Celtes, caractérisé par leur implantation dans cette aire géographique particulière. Les auteurs antiques, notamment les Grecs, utilisaient le terme “Celtes” pour désigner ces peuples, et le terme “Galates” était parfois employé pour les Celtes orientaux avant de renvoyer à l’ensemble des Celtes.
Il est important de noter que la distinction entre Gaulois et Celtes a été renforcée par Jules César, qui a baptisé “Gaule” l’espace conquis par les Romains, englobant ainsi les Celtes et les Gaulois sous une même appellation. Cette distinction a également été influencée par les sources littéraires de l’époque qui privilégiaient le terme “Celtes” et mentionnaient rarement les Gaulois.
Ressources utilisées pour la rédaction de cet article
– Kruta V. (2019). Les Celtes – 12e éd. Vol. 1. Que sais-je ; Presses universitaires de France, Paris, 128 p.
– https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/09/culture-et-industrie-ce-que-nous-devons-aux-celtes
– https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19451/ancienne-religion-celtique
– https://www.universalis.fr/encyclopedie/celtes/6-religion-celtique/
– https://mythologica.fr/celte/civilisation/rel01.htm
– https://www.geo.fr/histoire/qui-etaient-vraiment-les-druides-201815
– https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2019/analyse-linguistique-des-anciennes-langues-celtiqu/
– https://www.axl.cefan.ulaval.ca/monde/langues_celtiques.htm
– https://www.festival-interceltique.bzh/nations-celtes/
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaulois_(peuples)
– https://fr.wikipedia.org/wiki/Celtes
– https://www.francaisauthentique.com/origines-de-la-langue-francaise/
– https://www.geo.fr/histoire/ces-mots-de-la-langues-francaise-empruntes-aux-gaulois-217578
