Vous avez certainement déjà entendu parler de la maladie de l’urine de renard ? Il s’agit plus précisément de l’échinococcose, qui est en réalité transmise par les excréments. C’est une maladie parasitaire rare causée par des ténias (Echinococcus multilocularis ou E. granulosus) et qui peut être transmise des animaux aux humains. L’échinococcose alvéolaire est la plus courante et est transmise par E. multiloculaires. E. granulosus l’échinococcose kystique.
De nombreuses personnes craignent de cueillir des plantes sauvages par crainte de tomber malades. Et c’est vrai qu’il est facile d’avoir peur de ce qu’on ne connait ou ne comprend pas. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité rédiger cet article. Après sa lecture, vous en saurez beaucoup plus sur la maladie et les moyens de prévention, sans oublier les symptômes. Vous relativiserez aussi certainement …
Commençons par le cycle de reproduction des échinocoques.
Comprendre le cycle de reproduction des échinocoques
Le cycle de vie de ce parasite implique deux types d’hôtes : les hôtes définitifs et les hôtes intermédiaires.
Les hôtes définitifs de l’Echinococcus multilocularis sont principalement des canidés sauvages tels que les renards, mais aussi les chiens et, moins fréquemment, les chats. Dans l’intestin de ces hôtes définitifs, le ver adulte atteint sa maturité sexuelle. Le cycle commence lorsque les hôtes définitifs ingèrent des rongeurs infectés par des kystes (stade larvaire du parasite). Les vers adultes se développent dans l’intestin de l’hôte définitif et produisent des œufs qui sont libérés dans l’environnement via les excréments de l’animal.
Les hôtes intermédiaires sont principalement des rongeurs, tels que les campagnols. Ces animaux ingèrent les œufs présents dans l’environnement, qui éclosent dans leur intestin. Les larves (oncosphères) pénètrent ensuite dans la paroi intestinale et migrent principalement vers le foie, où elles se développent en kystes alvéolaires. Ces kystes se caractérisent par une prolifération extensive, formant une masse ressemblant à une tumeur cancéreuse qui peut envahir et détruire les tissus hépatiques.
Transmission accidentelle à l’homme
L’homme peut devenir un hôte intermédiaire accidentel en ingérant des œufs du parasite, généralement par contact avec un animal domestique (eh oui !). Il peut très bien avoir des œufs sur son pelage après s’être roulé dans l’herbe.
Le risque existe aussi en mangeant des légumes, des plantes sauvages, des baies crues contaminées ou d’autres aliments qui n’ont pas été correctement lavés. Les excréments se trouvent au sol, les plantes au ras du sol sont donc plus à risque. D’autant plus que les œufs peuvent survivre dans l’environnement pendant plusieurs mois, notamment dans des conditions humides. Cela peut conduire à une contamination indirecte via le sol ou d’autres surfaces extérieures.
Chez l’homme, comme chez les rongeurs, les larves migrent vers le foie et d’autres organes, où elles peuvent se développer pendant des années. L’homme ne ressent généralement aucun symptôme spécifique pendant 10 à 15 ans.
Relativisons les risques de la maladie de l’urine de renard
En France, par exemple, on enregistre environ 30 cas par an (Source). Pour un pays de 67 millions d’habitants, ça aide à relativiser ! D’autant plus que la contamination n’aboutit pas toujours à la maladie. L’échinococcose est particulièrement prévalente dans les zones rurales où les gens sont en contact étroit avec des animaux sauvages. La maladie est toutefois plus fréquente dans l’hémisphère nord, notamment en Europe centrale, en Sibérie, en Alaska et au Canada.
Les symptômes
La forme de l’échinococcose se comporte de manière similaire à un cancer en infiltrant les tissus environnants, principalement dans le foie, et peut se propager à d’autres organes comme les poumons et le cerveau. On observe toutefois une variété de symptômes qui peuvent varier en fonction de l’organe atteint et du type de l’infection (échinococcose alvéolaire ou kystique). Parmi les symptômes généraux : perte d’appétit ; nausées ; vomissements ; douleurs abdominales ; fatigue ; perte de poids et altération de l’état général.
Les symptômes spécifiques à l’échinococcose alvéolaire comprennent des douleurs du côté droit de l’abdomen, une jeunesse (ictère), dues à une obstruction biliaire, de la fièvre, et une augmentation du volume du foie (hépatomégalie).
En ce qui concerne l’échinococcose kystique : gêne abdominale ; toux et douleur thoracique si les kystes se trouvent dans les poumons ; hémoptysie (expectoration de sang) si les kystes éclatent dans les poumons.
À titre de rappel, l’échinococcose peut rester asymptomatique pendant une longue période, allant jusqu’à 10 à 15 ans, avant que les symptômes ne commencent à apparaître. Si bien que le diagnostic est souvent réalisé de manière fortuite lors d’examens d’imagerie médicale pour d’autres raisons.
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Comment se soigne l’échinococcose, la maladie de l’urine de renard ?
La maladie de l’urine de renard se soigne généralement par traitement médicamenteux et repose principalement sur l’utilisation de dérivés benzimidazolés, en particulier l’albendazole. Ce médicament agit en bloquant l’assimilation du glucose par les larves du parasite, ce qui inhibe leur croissance et leur reproduction. Le traitement par albendazole est généralement administré en continu et peut durer plusieurs mois voire plusieurs années, selon la réponse du patient au traitement.
Une intervention chirurgicale est aussi possible lorsque le traitement médicamenteux n’est pas suffisant ou en cas de complications. Elle vise à enlever radicalement les lésions parasitaires du foie. Les techniques chirurgicales peuvent varier de la résection simple à des interventions plus complexes comme la lobectomie ou la transplantation hépatique, en fonction de l’étendue de l’atteinte.
Maladie de l’urine de renard : prévention et mesures de sécurité
Choix des zones de cueillette
Il est conseillé de cueillir les plantes à plus de 50 cm du sol et dans des zones éloignées des déjections d’animaux domestiques ou sauvages. Evitons donc les zones humides ou proches des pâturages où les risques de contamination par des parasites sont plus élevés.
Cela n’engage que moi, mais il m’arrive souvent de ne pas respecter la règle des 50 cm, surtout au printemps. La végétation explose en un minimum de temps. Le risque qu’elle soit souillée reste faible. Cela dit, si je pense qu’il y a le moindre doute, je préfère remplacer mes salades sauvages par des soupes, des quiches ou des poêlées. Et puis, on peut toujours se délecter des feuilles des arbres sans crainte.
Cuisson ou séchage des plantes
Il est recommandé de cuire les plantes sauvages à une température d’au moins 60°C pendant 10 minutes, ou 1 minute 100°C. Vous pouvez par ailleurs faire sécher votre récolte. Les œufs d’échinocoques ne peuvent survivre sans un minimum d’humidité. Ces derniers résistent bien au froid, ce qui rend la congélation insuffisante pour les éliminer.
Une bonne hygiène
Bien que le lavage simple soit peu efficace contre les œufs de parasites, veillez à bien vous laver les mains après avoir touché la terre, des plantes, ou votre animal de compagnie après une sortie dans la nature.
La maladie de l’urine de renard, en conclusion
Bien que l’échinococcose soit une maladie grave avec des conséquences potentiellement mortelles si elle n’est pas traitée, les risques de tomber malade restent relativement faibles, surtout en France avec en moyenne 30 cas par an. Si nous adoptons des règles simples, il est possible de cueillir les plantes sauvages en toute sérénité.
Carte mentale récapitulative
Ressources utilisées pour rédiger cet article
– https://agriculture.gouv.fr/lechinococcose-alveolaire
– https://www.quebec.ca/agriculture-environnement-et-ressources-naturelles/sante-animale/maladies-animales/liste-maladies-animales/echinococcos
– https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/affichageDoc.php?specid=68879708&typedoc=R
– https://www.infectiologie.com/UserFiles/File/medias/JNI/JNI15/2015-JNI-echinococcose-alveolaire-GERARD.pdf
– https://www.academie-medecine.fr/le-traitement-de-lechinococcose-alveolaire-humaine-une-approche-multidisciplinaire/
– https://www.gaillard.fr/echinococcose-alveolaire/
– https://www.em-consulte.com/article/1399316/echinococcose-alveolaire
– https://www.esccap.fr/vers-parasites-chien-chat/echinocoques-echinococcose-alveolaire-hydatidose.html
– https://www.sciensano.be/fr/sujets-sante/echinococcose
– https://www.ubfc.fr/les-echinococcoses-des-maladies-parasitaires-en-expansion/
– https://www.msdmanuals.com/fr/professional/maladies-infectieuses/cestodes-ténias/echinococcose