Le dérèglement climatique a des conséquences que nous subissons de plus en plus au quotidien : canicules exceptionnellement précoces et longues, sécheresses suivies de pluies et d’orages violents causant inondations et lessivage des sols, gelées tardives, etc. La fréquence de ces phénomènes s’intensifie à un rythme ahurissant depuis plusieurs années. Les épisodes météo autrefois rares avaient aussi des conséquences dévastatrices.
Je souhaite dans cet article revenir sur les deux étés caniculaires de 1718 et 1719 ayant entraîné la mort de 750 000 personnes en France. Passionné et diplômé en histoire, je crois que nous devrions nous inspirer du passé pour nous adapter et nous préparer aux nombreux défis qui nous attendent.
Les conséquences dramatiques des canicules de 1718-1719 en France
Le Royaume de France a connu en 1718 et 1719 des étés particulièrement chauds et secs. En 1719, ces chaleurs étaient si intenses et étendues dans le temps (de juin à la mi-septembre) qu’une forme de climat saharien s’est abattue en région parisienne. Des nuées de sauterelles en provenance d’Afrique du Nord ont même ravagé les cultures du pays.
La sécheresse couplée à ces chaleurs a considérablement diminué le niveau des fleuves et des cours d’eau. L’eau puisée était de plus en plus stagnante, infectée et polluée, ce qui a entraîné une épidémie de dysenterie, provoquant la mort d’environ 750 000 personnes, dont 450 000 la deuxième année. Le Royaume de France comptait en moyenne une vingtaine de millions d’habitants à cette époque. Les victimes étaient majoritairement des bébés ou de jeunes enfants, incapables de survivre à la dysenterie causée par la mauvaise qualité de l’eau.
Dans l’histoire de France, des générations entières de nourrissons ont été décimées à cause d’épisodes caniculaires favorisant les épidémies infectieuses. La canicule de 1636 a provoqué la mort de 500 000 personnes, celle de 1705, entre 200 000 et 500 000. L’été de l’année 1747 a causé la mort de près de 200 000 personnes, tout comme l’été de 1779.
Les canicules du siècle dernier ont causé de nombreux morts suite aux maladies infectieuses qui se sont développées et propagées, du fait du niveau et de la contamination des eaux. Le réseau d’égouttage permettant d’éloigner les eaux usées des habitations et des villes a commencé à se développer avec l’apparition du courant hygiéniste à la fin du XIXe siècle seulement. Le traitement de ces boues a cependant commencé en 1960 en France, avec l’apparition des premières stations d’épuration.
Ces innovations ont éradiqué les épidémies qui se développaient autrefois lors de fortes chaleurs. Les canicules modernes causent des décès dont le nombre est sans commune mesure avec ce que la France a déjà connu. Par ailleurs, les victimes ne sont plus les nourrissons, mais les personnes âgées. On estime qu’environ 15 000 personnes sont décédées en France à cause de la canicule de 2003, et près de 70 000 personnes au total en Europe.
Cependant, le niveau des nappes phréatiques et des cours d’eau atteint souvent des niveaux critiques en France et en Europe. Et les conséquences sont pour le moment limitées, mais peuvent s’avérer dramatiques à l’avenir.
Canicules de 1718-1719 : quelles leçons pour l’avenir ?
En 2003, le niveau d’eau était si bas qu’il était difficile d’avoir une production suffisante d’énergie. L’eau des cours d’eau permet de refroidir les réacteurs nucléaires et est utilisée dans les stations hydroélectriques.
Des centrales thermiques au charbon ont été relancées comme en plein hiver, intensifiant les niveaux de pollution déjà élevés en période de canicule. Cette nécessité de produire de l’énergie coûte que coûte a aussi été causée par la surconsommation de la population, de plus en plus équipée de climatiseurs.
Les centrales nucléaires avaient obtenu des dérogations pour rejeter leurs eaux chaudes dans des cours d’eau qui étaient déjà à une température de 5 °C supérieure à la valeur moyenne observée au cours des 25 dernières années.
Je me pose simplement la question : qu’adviendrait-il si nous connaissions une canicule telle que celle que la France a connue en 1719 ? À l’heure où l’on préfère parler de l’avènement de la voiture électrique, de construction de nouveaux réacteurs nucléaires ou de croissance verte.
Ne faudrait-il pas dès à présent nous engager vers la sobriété ? Apprendre et réapprendre à nous rafraichir sans technologie avancée, prendre conscience de l’importance de l’eau et l’économiser, créer des espaces résilients et des ilots de fraicheur là où c’est possible, privilégier les modes de culture responsables et économes en eau ? J’aimerais avoir tort. Au moment où j’écris ces lignes, de nombreuses communes du nord de l’Italie s’apprêtent à rationner l’eau potable.
Et si nous n’étions plus capable de traiter les eaux usées ? Et si nous n’avions plus suffisamment d’eau pour produire de l’électricité ? Et si nous n’avions plus d’énergie pour alimenter les climatiseurs ou les voitures électriques ? Et si nous ne pouvions plus arroser les champs ?
Pour rappel, j’aspire grâce à Bosquet sauvage à transmettre les connaissances relatives à l’autonomie, aux plantes sauvages comestibles, à la low tech, aux habitats alternatifs. Nous subirons de plus en plus souvent les conséquences du dérèglement climatique et il est nécessaire de s’y préparer aujourd’hui en apprenant à devenir plus sobre et résilient.
Qu’est-ce que vous en pensez ? 🤔
Bonjour,
Comment se fait-il que l’on n’arrête pas d’envoyer l’eau de nos fleuves à la mer ???
J’ai vécu en Afrique et nous avons eu ce probléme pour alimenter une partie du Sénégal et de la Mauritanie.
Avec un barrage DIAMA à l’embouchure du fleuve Sénégal on alimente Dakar et St Louis ainsi que Nouakchott en eau douce
Personne à ce jour , sauf Philippe Lamour qui a prélevé une partie du Rhone pour envoyer de l’eau vers
Perpignan.
Bonjour, je suis dans le Morbihan et je me suis déjà posé cette question. Nous avons le barrage d’Arzal sur la Vilaine. Fermé lors de grande sécheresse et ouvert en cas de risques d’inondation. Pourquoi ne construisons nous pas des barrages sur tous nos fleuves avant qu’ils ne se jettent en mer. On retient l’eau quand c’est utile, on la laisse s’écouler en cas d’inondation.