L’Homme est présent sur Terre depuis près de 3 millions d’années tandis que l’agriculture est apparue il y a environ 10 000 ans. Si l’on ne peut renier l’importance de la chasse dans l’alimentation humaine, celle des plantes sauvages l’était tout autant. Le genre humain ne pouvait physiologiquement se passer de la consommation de plantes sauvages comestibles. François Couplas rappelle que “même les Inuit, que l’on pense parfois être des carnivores exclusifs, récoltent traditionnellement une quinzaine de plantes différentes pendant le bref été arctique.”
Mais pourquoi prendre la peine de s’intéresser aux plantes sauvages si nous pouvions nous contenter de légumes cultivés ? Parce que leur teneur en vitamines et oligoéléments ne cesse de diminuer ; se nourrir de légumes bio et de bonne qualité n’est pas soutenable financièrement pour la plupart d’entre nous ; parce que la monoculture est néfaste pour l’environnement, sans parler de l’utilisation abusive de fertilisants et de “produits phytosanitaires”.
Les plantes sauvages comestibles n’ont pas besoin de l’Homme pour pousser et doivent survivre seules. Elles sont à ce titre incroyablement riches en nutriments. À titre d’exemple, 30% de la masse sèche de l’ortie sont des protéines complètement assimilables. Ses feuilles renferment des quantités non négligeables de fer, zinc, magnésium, calcium et vitamines A, C, D, E, K, B1, B2, etc.
Pourquoi les pouvoirs publics ne promeuvent-ils pas leur consommation, notamment pour lutter contre la malnutrition et la précarité alimentaire que connaissent 3% de la population française ? Quel serait l’intérêt économique de promouvoir la consommation d’une plante qui n’a besoin ni de l’Homme, ni de produits phytosanitaires, tout en étant toutefois beaucoup plus riche que des légumes cultivés gorgés d’eau, insipides mais vendus à prix d’or ? D’ailleurs, se rendre dans la nature et faire de la cueillette est une une pratique saine pour le corps, l’esprit mais aussi pour le porte monnaie. En revanche, cela ne permet pas à l’État de percevoir la TVA que l’on doit payer pour se nourrir. C’est ceci dit le meilleur moyen de gagner en résilience et en autonomie.
Il n’y a pas de solution miracle. Même si les pouvoirs publics encourageaient la consommation de plantes sauvages, ce ne serait – à juste titre – pas très bien perçu par les agricultures certes passionnés par leur métier mais épuisés et endettés.
Je crois réellement qu’il faut se changer soi-même (cela comprend ses habitudes de vie) pour changer le monde. Il faut renouer avec la pratique ancestrale de la cueillette sauvage. Il n’y a pas plus beau cadeau que de ressentir la gratitude de rencontrer, admirer, remercier et absorber une plante qui, in fine, fera partie de nous.
J’évoquerai dans ces articles les différentes façons de reconnaître une plante sauvage comestible, leurs propriétés, leurs utilisations traditionnelles, etc.