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La valériane officinale : propriétés et utilisations

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Je souhaite vous présenter la valériane officinale (Valeriana officinalis), une plante réputée pour ses propriétés médicinales, notamment sédatives et anxiolytiques. Le nom scientifique “Valeriana” pourrait dériver du latin “valere” signifiant “être en bonne santé”, témoignant de ses vertus médicinales reconnues depuis l’Antiquité.

Aussi appelée herbe aux chats ou herbe de Saint George, elle reste toutefois assez méconnue en dehors de son utilisation médicinale. C’est pourtant une plante commune qui peut être utilisée en tant que condiment, pour faire plaisir à nos chats, mais dont l’utilisation comprend quand même de nombreuses contre-indications. Je partagerai à la fin de l’article quelques anecdotes la concernant.

Devrait-on parler des valérianes officinales ?

Il y a en réalité 3 sous-espèces que l’on nomme communément valériane officinale (Valeriana officinalis). Ces sous-espèces se différencient principalement par leur habitat de prédilection et leurs caractéristiques morphologiques. On peut les utiliser de la même façon.

La première sous-espèce, (Valeriana officinalis subsp. officinalis), est la valériane officinale proprement dite. Il s’agit d’une plante robuste qui prospère dans des milieux moyennement humides. On considère cette sous-espèce comme la forme typique de la valériane officinale.

La deuxième sous-espèce, connue sous le nom de valériane à petites feuilles ou valériane des collines (Valeriana officinalis subsp. tenuifolia), est grêle. Elle est particulièrement adaptée aux milieux secs, ce qui la différencie nettement de la sous-espèce type.

Enfin, la troisième sous-espèce est la valériane rampante, aussi appelée valériane à feuilles de sureau (Valeriana officinalis subsp. sambucifolia) en raison de la ressemblance de ses feuilles avec le sureau. Contrairement à la valériane des collines, cette sous-espèce est robuste et préfère les milieux humides.

Valériane officinale – Où pousse t-elle ?

Les trois sous-espèces de valériane poussent au bord des chemins, en lisière de forêt, dans les clairières et les bois ou le long des cours d’eau. En France, on les retrouve jusqu’à 1 700 mètres d’altitude en moyenne. Elles se distinguent toutefois par leurs préférences en ce qui concerne la nature du sol.

La valériane officinale proprement dite et la valériane rampante prospèrent sur des sols présentant des caractéristiques similaires. Ces deux sous-espèces affectionnent les terrains riches en éléments nutritifs, avec une teneur en eau allant de frais à humide. Elles s’adaptent à un pH variant du basique au légèrement acide, et se développent souvent sur des sols à forte composante argileuse.

En revanche, la valériane à petites feuilles se démarque par des exigences écologiques différentes. Cette sous-espèce privilégie les sols riches en bases, mais seulement moyennement pourvus en éléments nutritifs. Elle s’accommode de conditions plus sèches, allant de sols secs à frais, et peut même coloniser des terrains parsemés de cailloux.

Les deux cartes ci-dessus illustrent la présence des deux sous-espèces en France. Elles ont été éditées par l’INPN. Il n’y a pas de carte suffisamment précise de la répartition de la valériane à feuilles de sureau (Valeriana officinalis subsp. sambucifolia). On estime toutefois que la valériane officinale est rare voire absente du Midi.

Valériane officinale – Description

Comme avec la plupart des plantes, il est assez simple de reconnaître la valériane officinale après l’avoir rencontrée pour la première fois. Ses feuilles sont opposées pennatiséquées et mesurent entre 5 et 13 cm en moyenne. Chaque feuille a entre 11 et 21 segments lancéolés et parfois dentés. Le nombre de ces segments diffère en fonction des sous-espèces.

La tige est robuste, dressée, sillonnée, creuse, et peut être glabre ou légèrement pubescente selon la sous-espèce.

Ces petites fleurs, arborant des teintes allant du blanc au rose, sont agencées en corymbe, formant ainsi des bouquets compacts et serrés.

Inflorescences de la valériane officinale

Le calice se compose d’environ une douzaine de petites languettes repliées. Ces structures évoluent par la suite pour former des soies sur le fruit. La corolle, quant à elle, est constituée de cinq pétales soudés en tube et présente une bosse distinctive à sa base et se termine par cinq lobes inégaux.

On trouve trois étamines, solidement soudées à la corolle. Le gynécée, organe femelle de la fleur, est formé de trois carpelles.

Inflorescence de la valériane officinale

Il est intéressant de noter que sur ces trois carpelles, deux avortent au cours du développement floral. Cette particularité morphologique influence directement la structure du fruit qui se développera par la suite.
Ces derniers sont des akènes ovales et glabres, surmontés d’une aigrette plumeuse.

Le système racinaire de la valériane officinale se compose d’un rhizome court et trapu, ainsi que de nombreux stolons souterrains ou aériens selon la sous-espèce.

Les racines de la valériane officinale très appréciée des chats

Pour la petite histoire, la racine de valériane exerce un attrait puissant sur les chats. Ces derniers semblent particulièrement sensibles aux composés volatils présents, qui déclenchent chez eux des comportements euphoriques. C’est ce qui explique le surnom (attribué aussi à la cataire) d’herbe aux chats. Consommée de façon occasionnelle, elle ne présente aucun risque de toxicité ou d’accoutumance pour les chats. Aujourd’hui, il est même possible de s’en procurer dans les animaleries.

Principaux constituants

La racine de valériane officinale renferme une variété de constituants chimiques qui expliquent ses propriétés médicinales. On trouve des sesquiterpènes, notamment l’acide valérénique, la valéranone et le valérianol, ainsi que des iridoïdes comme le valtrate et les valépotriates. Elle contient également des huiles essentielles riches en monoterpènes et sesquiterpènes, des flavonoïdes, des acides phénols et des lignanes. On y retrouve aussi des acides aminés, dont l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), et des traces d’alcaloïdes. Les acides sesquiterpéniques, les iridoïdes et les flavonoïdes sont les principaux responsables des effets sédatifs et anxiolytiques de la valériane.

Utilisations traditionnelles

Dès l’Antiquité, Pline l’Ancien, dans son ouvrage Historia Naturalis au Ier siècle, recommandait la valériane comme remède contre les tensions nerveuses et les contractures musculaires. Au Moyen Âge et à la Renaissance, des figures comme Sainte Hildegarde, abbesse et herboriste allemande du XIIe siècle, préconisaient la valériane contre la goutte et la pleurésie. C’est toutefois au XIXe siècle que son utilisation s’est étendue à un large éventail de troubles nerveux, notamment l’épilepsie, l’hystérie et la chorémanie, parfois appelée danse de Saint-Guy. La valériane officinale était aussi employée comme remède naturel pendant la Première Guerre mondiale. Elle était d’une aide précieuse pour combattre le stress et l’anxiété générés par le conflit et les bombardements.

Valériane officinale – Ses bienfaits

Le principal bienfait de la valériane officinale est son action sédative et inductrice du sommeil. Cette propriété en fait l’un des remèdes naturels les plus populaires pour améliorer la qualité du sommeil sans provoquer de somnolence diurne, contrairement à certains somnifères de synthèse.

La valériane possède également des propriétés anxiolytiques. Elle aide à réduire l’anxiété et la nervosité, particulièrement lorsque ces états entraînent des troubles du sommeil. Certaines études suggèrent que la valériane pourrait avoir des propriétés antidépressives. Bien que cette action soit moins documentée que ses effets sédatifs, elle pourrait contribuer à améliorer l’humeur et le bien-être général des personnes souffrant de légers états dépressifs.

La valériane est aussi reconnue pour ses propriétés antispasmodiques. Elle était en effet utilisée pour soulager les spasmes musculaires et les tensions corporelles liées au stress.

Utilisation interne de la valériane officinale

Comme pour toute plante médicinale, il existe des contre-indications ! Veuillez lire la partie suivante avant de la consommer.

Les indications ci-dessous proviennent de l’ouvrage “Le petit Larousse des plantes qui guérissent” écrit par l’ethnobotaniste François Couplan.

Il précise que la racine perd une partie de ses propriétés en séchant, raison pour laquelle il est préférable de l’utiliser sous une forme pharmaceutique. On peut toutefois utiliser soi-même la racine sèche en tisane ou en teinture.

En décoction : 1 cuillerée à soupe ou 10 g de racine sèche pour un bol, faire bouillir 3 minutes, puis infuser 10 minutes. Boire 1 ou 2 bols par jour, de préférence le soir.
En macération à froid : 10 g de racine, à laisser macérer 10 heures dans un verre d’eau froide. Prendre 2 verres par jour. On peut sucrer et aromatiser avec de l’eau de fleur d’oranger ou quelques gouttes d’alcool de menthe si l’on n’aime pas le goût et l’odeur de la valériane.
En teinture : 200 g de racine fraîche coupée, macérée 15 jours dans un litre d’eau-de-vie blanche. Filtrer et prendre 40 à 50 gouttes au coucher.

Valériane officinale – contre-indications

Se soigner par les plantes n’est pas sans risque des contre-indications à l’utilisation de la valériane officinale. Elle est notamment déconseillée aux femmes enceintes ou allaitantes en raison du manque de données sur son innocuité durant ces périodes.

Feuilles de la valériane officinale.

Son action calmante peut potentiellement amplifier les effets de divers médicaments, notamment ceux ayant une action sur le système nerveux central. Ainsi, la combinaison de la valériane avec des somnifères, des tranquillisants, des antidépresseurs, des antiépileptiques, des neuroleptiques, des analgésiques opioïdes ou des antihistaminiques H1 pourrait entraîner une somnolence excessive. Attention donc si vous prenez la route.

La valériane pourrait aussi interagir avec les anticoagulants, augmentant le risque de saignements. Les personnes qui prennent des médicaments qui sollicitent excessivement le foie devraient également éviter de consommer cette plante. Son utilisation est par ailleurs déconseillée chez les enfants de moins de 12 ans.

Il est rappelé sur le Vidal : “un cas d’intoxication a été observé chez un patient qui avait pris simultanément de la valériane et un antidiarrhéique contenant du lopéramide. Par prudence, il est préférable d’éviter cette association.“.

Enfin, la durée de traitement ne devrait pas dépasser 6 semaines car elle peut par la suite entraîner des troubles du sommeil, du fait d’une accoutumance.

Compte tenu de ces interactions potentielles, il est fortement conseillé de consulter un professionnel de santé avant d’associer la valériane à tout traitement médicamenteux ou à d’autres compléments à base de plantes.

Comment et quand récolter la racine de valériane officinale ?

Avant toute chose, souvenez-vous que récolter la racine de la valériane revient à la tuer. Veillez donc à en prélever que si vous en avez réellement besoin et en quantité mesurée. Si vous ne voyez qu’une seule valériane autour de vous, il est plus éthique de la laisser tranquille et de se mettre en quête d’autres plantes.

Il est toujours préférable d’utiliser la racine de valériane fraîche mais ce n’est pas toujours possible. On peut toutefois prélever la racine au printemps avant le développement des tiges pour la faire sécher. Il suffira ensuite de bien les laver, les couper en petits morceaux avant de les faire sécher.

Attention, l’odeur de la racine séchée de valériane officinale n’est pas très agréable. Elle se situe entre l’odeur d’urine de chat et de vieille chaussette. Pensez donc à la conserver dans une boite hermétique pendant maximum un an. Si vous ne l’avez toujours pas utilisé après cette période, n’hésitez pas à en donner à votre chat en petite quantité et pas plus d’une fois par semaine. La plante n’aura ainsi pas été tuée pour rien, et cela rendra votre félin euphorique pendant une quinzaine de minutes.

La valériane officinale, une plante condimentaire

Feuille de la valériane officinale

Si la valériane officinale est surtout connue pour ses propriétés médicinales, elle est aussi comestible en condiment (c’est-à-dire en petite quantité). Ses feuilles et ses fleurs sont bonnes mélangées à d’autres plantes dans les salades, du fait de leur amertume. On peut aussi les manger comme légume cuit.

L’amertume nous dissuade d’en consommer une grande quantité et c’est certainement mieux ainsi. A haute dose, cette plante (mais surtout sa racine) peut entraîner des somnolences et ralentir le rythme cardiaque. Je développe la partie concernant les contre-indications juste après.

Pour la petite histoire, les Amérindiens consommaient une espèce locale (V. edulis) après cuisson dans un four souterrain. Cela permettait d’ailleurs d’éliminer une partie de son odeur désagréable, raison pour laquelle elle était appelée tobacco-root (racine-tabac).

Les boutons floraux et les fleurs peuvent aromatiser les limonades, tisanes, alcools et plats divers. Les fleurs sont aussi très décoratives.

Les feuilles de V. tripteris et V. montana sont aussi comestibles.

Valériane officinale, une plante comestible

Les anecdotes

Il existe de nombreux mythes et anciennes utilisations liées à la valériane officinale, et ce, dans diverses traditions.

Dans la mythologie nordique, on croyait que la forte odeur de la racine de valériane avait le pouvoir d’éloigner le mal, notamment les sorcières, les esprits et même le diable.

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Au Pays de Galles, une croyance populaire voulait qu’aucun homme ne puisse résister à une femme qui aurait glissé de la valériane dans ses sous-vêtements. En Italie, on pensait que brûler de la valériane permettait de voir apparaître des elfes sous forme de petites poupées. Dans le folklore anglais, la valériane était réputée pour augmenter les perceptions psychiques et posséder des propriétés aphrodisiaques. La valériane jouait également un rôle dans les pratiques de divination et les rituels.

Dans la campagne de Bologne, on croyait à l’existence d’une valériane mâle et femelle présidant aux rituels de divination. Une tradition italienne affirmait que faire l’aumône à la valériane correspondant à son sexe permettait d’acquérir le don de divination. La célèbre légende du joueur de flûte de Hamelin raconte qu’il aurait utilisé de la valériane dans ses poches pour attirer les rats hors de la ville.

Enfin, au Moyen Âge, l’expression “il sent la racine” (sous-entendu de valériane) était utilisée pour désigner quelqu’un qui sentait mauvais, faisant référence à l’odeur caractéristique de la plante.

Carte mentale récapitulative

Carte mentale de la valériane officinale

Les questions les plus posées concernant la valériane officinale

Où trouver la valériane officinale ?

Dans les milieux frais et humides, notamment les fossés et bois humides, le long des ruisseaux ou des rivières, dans les sous-bois à la mi-ombre ou en plein soleil.

Quand récolter la valériane officinale ?

On peut récolter les feuilles pour les consommer au printemps, quand elles sont encore au stade de rosette. Pour utiliser la racine pour un usage thérapeutique, le meilleur moment est la période entre septembre et avril.

Valériane officinale ou herbe à chat ?

La valériane officinale et la cataire ont un effet euphorisant chez les chats. Les deux plantes ne sont pas toxiques pour les chats en quantités modérées. L’effet dure généralement 10-15 minutes et n’est pas addictif. Tous les chats ne réagissent pas à ces plantes, et la sensibilité peut se développer avec l’âge.

Ressources utilisées pour rédiger cet article

– Couplan F. (2017). Le régal végétal – Reconnaître et cuisiner les plantes comestibles. 2017e éd. Vol. 1. Sang de la Terre, Paris, 528 p.
– Couplan F. (2018). La cuisine sauvage – Accomoder mille plantes oubliées. Sang de la Terre, Paris, 628 p.
– Couplan F. ; Dubouigne G. (2023). Le petit Larousse des plantes qui guérissent. Larousse, Paris, 1032 p. 
– Dumé G. ; Gauberville C. ; Mansion D. ; Rameau J.C. ; Bardat J. ; Bruno E. ; Keller R. (2018). Flore Forestière française – Plaines et Collines. CNPF, Paris, 2464 p. 
– Fleischhauer S.G. ; Guthmann J. ; Spiegelberger R. (2019). Plantes sauvages comestibles. Ulmer, Paris, 248 p.
– Lieutaghi P. (1996). Le livre des bonnes herbes. Actes Sud, Arles, 517 p.
– Luu C. (2021). 1 000 remèdes à faire soi-même. Terre vivante, Mens, 480 p. 
– https://www.vidal.fr/parapharmacie/phytotherapie-plantes/valeriane-valeriana-officinalis.html

Yvann Robinet
Yvann Robinethttps://bosquetsauvage.com
Je souhaite transmettre mes connaissances relatives aux plantes, partager mon intérêt pour l'autonomie et le développement de soi, promouvoir la connexion entre l'humanité et le monde naturel, remettre au goût du jour les mythes, les contes et les traditions anciennes. Actuellement élève de troisième année au Collège Pratique d'Ethnobotanique (créé par François Couplan), je proposerai prochainement des activités sur le terrain dans le massif des Ardennes. Je vous en parle bientôt...

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