AccueilPlantes sauvagesLe lamier blanc : propriétés, recettes et bienfaits

Le lamier blanc : propriétés, recettes et bienfaits

Date:

Vous pouvez aussi lire...

Calendrier de cueillette de plantes sauvages en PDF

Je suis ravi de vous partager mon calendrier de...

Les plantes sauvages riches en calcium

Lorsqu'on pense au calcium, on l'associe généralement aux laitages....

L’arum tacheté (Arum maculatum). Une plante toxique

L'arum tacheté (Arum maculatum), communément appelé gouet ou pied-de-veau,...

Le tilleul à petites feuilles (Tilia cordata)

Le tilleul à petites feuilles (Tilia cordata Mill.) est...

L’if commun, un arbre toxique

Vous avez déjà croisé cet arbre dans les cimetières...
lamier blanc2

Le lamier blanc, également connu sous le nom scientifique de Lamium album, est une plante herbacée vivace appartenant à la famille des Lamiacées. On l’appelle souvent ortie blanche, voire ortie morte en raison de sa ressemblance avec l’ortie, bien qu’elle ne possède pas de poils urticants et ne pique donc pas. Elle est toutefois généralement voisine de l’ortie et n’hésite pas à s’y dissimuler.

C’est une plante très commune en France puisqu’elle pousse jusqu’à 2200 mètres d’altitude. Elle est en revanche plus rare en région méditerranéenne et dans les Alpes. Je souhaite vous la présenter parce qu’elle fait partie des plantes comestibles abondantes et communes que l’on peut reconnaître facilement.

Lamier blanc – Où pousse le lamier blanc ?

Préférant les sols frais, profonds et basiques, le lamier blanc prospère dans les haies, les prairies rudéralisées et les lisières de forêts. Son affinité pour les substrats riches en nutriments, notamment en azote, en fait un bio-indicateur des perturbations anthropiques modérées.

Le lamier blanc apprécie le sol humide.

Description du lamier blanc

Le lamier blanc est une plante velue qui mesure généralement de 20 à 60 cm. Sa tige est creuse et carrée (quadrangulaire). Ses feuilles sont opposées, décussées et mesurent de 5 à 6 cm de long. Elles sont de forme cordée voire triangulaire et sont acuminées. Les marges sont fortement dentées. Le pétiole ne porte pas de stipules à sa base. Ce qui est l’une des caractéristiques pour le différencier très facilement de la grande ortie (Urtica dioica). Je vous en parle un peu plus loin.

La floraison s’étend d’avril à novembre, avec un pic entre mai et août selon les régions. Les fleurs se situent à l’aisselle des feuilles, en glomérules de 6 à 14 fleurs zygomorphes. Chaque fleur présente une corolle bilabiée de 1,5 à 2 cm de longueur d’un blanc pur marqué de jaune pâle à la base du tube.

La lèvre supérieure, en forme de casque cilié, protège quatre étamines didynames (deux longues et deux courtes) aux anthères velues.

Après pollinisation principalement entomophile, le lamier blanc produit des tétrakènes, fruits secs segmentés en quatre akènes.

Le lamier blanc – une abondante plante comestible

Le lamier blanc fait partie des plantes que l’on peut consommer crues ou cuites. Lorsque la plante est jeune, on peut ajouter ses feuilles ciselées aux salades, associées à d’autres pousses. Elles ont un léger goût de champignon. Il est aussi possible de consommer ses fleurs que j’utilise personnellement pour décorer différents plats. Ses fleurs sont idéales pour décorer différents plats.


Lorsque la plante est plus âgée, je préfère la consommer cuite. On peut alors l’ajouter aux soupes, aux quiches et aux gratins. Si l’amertume des feuilles plus âgées vous dérange, vous pouvez les blanchir 1 à 2 minutes. Il est aussi possible de les lactofermenter pour en faire une « choucroute ». Concernant la cueillette, je vous encourage vivement à lire ces conseils de cueillette responsable et éthique.

Lamier blanc : les recettes

Je souhaite vous partager deux recettes proposées par l’ethnobotaniste François Couplan dans son ouvrage « la cuisine sauvage » qui n’est malheureusement plus édité au moment où j’écris ces lignes.

Boulettes de lamier

Vous aurez besoin de 250 g de millet déjà cuit ; 40 g de feuilles de lamier, 1 oignon, 4 gousses d’ail, 1 carotte, 1 cuillerée à soupe d’huile de tournesol, du thym, du sel, des graines de sésame, 100 g de graines de tournesol, 1/4 de litre d’eau, 100 g de levure alimentaire, 2 cuillerées à soupe de tamari.

Le lamier blanc (lamium album) est une plante comestible.
  • Mélangez le millet, les feuilles de lamier blanc coupées finement, l’oignon haché et l’ail pressé, la carotte râpée, l’huile de tournesol, le thym et le sel.
  • Formez-en des boulettes que vous roulerez dans les graines de sésame.
  • Disposez dans un plat huilé que vous mettrez à four moyen pendant 20 minutes.
  • Servez avec une sauce préparée en broyant au mixer les graines de tournesol avec l’eau, la levure (que vous ajouterez graduellement) et le tamari. Dégustez chaud.

Lasagnes de lamier

Pour la pâte à nouilles, vous aurez besoin de : : 250 g de farine ; 2 œufs ; 1 cuillère à soupe d’eau ; 1 cuillère à café d’huile d’olive ; 1 pincée de sel;

Pour la garniture : 500 g de feuilles de lamier ; 3 cuillères à soupe d’huile d’olive ; 100 g de parmesan râpé.

Pour la sauce tomate: 2 oignons ; 2 cuillères à soupe d’huile d’olive ; 4 tomates ; 2 gousses d’ail ; 2 cuillères à soupe de serpolet ou d’origan sauvage ; 1 pincée de sel ; 1 pincée de poivre ; 1 pincée de sucre.

  • Pétrissez ensemble tous les ingrédients de la pâte à nouilles. Étalez la pâte le plus finement possible et coupez-la en quatre rectangles de la grandeur de votre plat.
  • Faites revenir le lamier coupé en lanières dans l’huile d’olive en remuant
    constamment.
  • Préparez la sauce tomate : étuvez les oignons hachés dans une cocotte avec l’huile d’olive, ajoutez les tomates coupées en morceaux, l’ail et le serpolet ou l’origan effeuillé.
    Laissez mijoter, à couvert, au moins une demi-heure. Vérifiez l’assaisonnement.
  • Dans un plat à gratin huilé, déposez un rectangle de pâte. Recouvrez d’une légère couche de sauce tomate puis du tiers du lamier. Saupoudrez de fromage râpé. Recouvrez d’un rectangle de pâte et continuez ainsi jusqu’à épuisement des ingrédients.
  • Finissez avec une légère couche de sauce tomate et saupoudrez du reste du fromage.
    Faites cuire à four moyen (180 °C) environ 30 minutes.

Composition et propriétés du lamier blanc

Le lamier blanc est par ailleurs une plante médicinale. On utilise dans ce cadre les sommités fleuries. Elles renferment des flavonoïdes, des iridoïdes, des saponines triterpéniques, et des alcaloïdes. Parmi les principaux constituants, on trouve l’acide gallique, des sels de potasse, des tanins et du sucre. Ces composants confèrent à la plante des propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes, et protectrices cellulaires. En phytothérapie, le lamier blanc est utilisé pour ses effets diurétiques, détoxifiants, et pour soutenir la production de bile et la digestion.

lamier blanc 1

Le lamier blanc à travers les âges

Le nom Lamium dérive du grec lamos (« gosier »), évoquant la forme des fleurs ressemblant à une bouche ouverte. Cette caractéristique morphologique inspira les Anciens à l’associer à Lamia, figure mythologique gréco-romaine souvent dépeinte comme une ogresse dévoratrice. Paradoxalement, cette connotation menaçante contrastait avec ses usages bienfaisants, notamment dans les rites liés à Vénus, déesse de l’amour et de la fertilité. Au IXe siècle, Hildegarde de Bingen la surnommait binensug (« nectar d’abeilles »), soulignant son rôle dans l’équilibre écologique tout en lui attribuant une dimension presque céleste.

Si Pline l’Ancien évoque une « ortie d’automne » aux propriétés mal définies, c’est au Moyen Âge que le lamier blanc gagne en reconnaissance. Les herbiers médiévaux, comme ceux d’Hildegarde, le prescrivaient en décoctions pour soigner les inflammations cutanées et les blessures. Déjà, sa réputation de plante « protectrice » émergeait, servant autant à guérir les corps qu’à éloigner les influences néfastes selon les croyances populaires.

Un remède gynécologique

Le XVIe siècle marqua un tournant avec les travaux de Rembert Dodoens, médecin flamand qui en faisait un traitement essentiel des « flueurs blanches » (leucorrhées) et des saignements utérins excessifs. Cette application fut reprise par John Gerard, herboriste anglais, pour qui le lamier blanc « ranimait les ardeurs » féminines tout en régulant les cycles menstruels. Les femmes l’utilisaient en infusion ou en injections vaginales, une pratique encore rapportée au XIXe siècle par le Dr Henri Leclerc.

Utilisations du lamier blanc et croyances populaires

Au-delà de ses vertus médicinales, le lamier blanc jouait un rôle clé dans les jardins médiévaux. Planté près des pommes de terre, il était censé repousser les doryphores, un insecte redouté pour ses ravages sur les solanacées. Les agriculteurs lui attribuaient également la capacité d’améliorer le goût des tubercules, bien qu’aucune étude moderne ne corrobore cette croyance.

Dans certaines régions françaises, notamment en Lorraine, le lamier blanc était intégré aux bouquets de la Saint-Jean, censés protéger les foyers contre la foudre et les esprits malins. Cette coutume découlait de sa floraison précoce et abondante, interprétée comme un signe de vitalité printanière.

Les confusions possibles

On peut confondre le lamier blanc avec d’autres plantes mais celles-ci sont toutes comestibles.

La grande ortie (Urtica dioica)

Bien que le lamier blanc soit parfois surnommé « ortie morte », il appartient à une famille botanique distincte (Lamiacées, tandis que l’ortie fait partie de la famille des Urticacées). L’ortie se reconnaît facilement grâce à ses poils urticants, absents chez le lamier blanc . De plus, ses inflorescences vertes et pendantes, en grappes axillaires, contrastent avec les fleurs zygomorphes du lamier blanc. Par ailleurs, la tige de l’ortie est ronde et non quadrangulaire et la plante est stipulée, contrairement au lamier blanc. Enfin, l’ortie est plus sombre que le lamier blanc. Cela se perçoit assez bien lorsque les deux plantes poussent côte à côte.

Le lamier pourpre (Lamium purpureum)

Le lamier pourpre partage sa structure florale bilabiée mais arbore des fleurs rose pourpre et un feuillage souvent teinté de rougeâtre au sommet des tiges. Contrairement au lamier blanc, le lamier pourpre est une espèce annuelle ou bisannuelle, plus petite (10-30 cm), avec des feuilles supérieures sessiles et embrassantes. Ses fleurs, plus petites et groupées en verticilles serrés, apparaissent dès la fin de l’hiver, précédant la floraison du lamier blanc.

Calendrier de cueillette sauvage à télécharger

Téléchargez le calendrier de cueillette

Vous pouvez à présent télécharger gratuitement ce calendrier de cueillette ! Utilisable en France, en Belgique et en Suisse.

Nous recevons déjà trop de mails ! C’est la raison pour laquelle je privilégie la qualité à la quantité. Des envois rares mais précieux : c’est le mieux pour vous, pour la planète et pour moi. Consultez la politique de confidentialité pour plus d’informations.

Le lamier maculé (Lamium maculatum)

Le lamier maculé se distingue par ses fleurs roses ou pourpres ponctuées de taches sombres sur la lèvre inférieure. Ce lamier préfère les sols plus secs et les expositions ensoleillées, contrairement au lamier blanc qui affectionne l’ombre.

Le lamier jaune (Lamium galeobdolon)

lamier jaune se différencie du lamier blanc


Ce lamier se différencie par ses fleurs jaune vif et ses feuilles doublement dentées. La floraison intervient plus tôt au printemps, dès mars dans certaines régions.

Je peux aussi citer l’alliaire officinale (Alliaria petiolata) mais son odeur caractéristique d’ail au froissement permet de ne pas se tromper.

Les questions les plus posées concernant le lamier blanc

Le lamier blanc est-il comestible ?

Oui ! C’est une délicieuse plante sauvage comestible. Elle est aussi médicinale.

Quelles sont les contre-indications du lamier blanc ?

La majorité des sources soulignent l’absence de contre-indications absolues pour le lamier blanc lorsqu’il est utilisé aux doses traditionnelles. Cette sécurité relative s’explique par sa composition chimique, dépourvue de principes actifs toxiques à court terme.

Lamier blanc ou ortie ?

Le lamier et l’ortie sont deux espèces différentes. L’ortie a des poils urticants, contrairement au lamier blanc. Par ailleurs, la tige de l’ortie est ronde et non quadrangulaire. L’ortie est stipulée et ne présente pas les inflorescences blanches du lamier blanc. Enfin, les feuilles de l’ortie sont plus sombres. Les deux espèces poussent souvent l’une à côté de l’autre.

stage nature ardennes bosquet

Ateliers et sorties dans les Ardennes

J’organiserai prochainement des ateliers (reconnaissance et utilisations des plantes sauvages comestibles, usages traditionnels des plantes, botanique, etc.) dans les Ardennes françaises, le long de la vallée de la Meuse. Vous pouvez indiquer votre adresse mail pour être informé(e).

Nous recevons déjà trop de mails ! C’est la raison pour laquelle je privilégie la qualité à la quantité. Des envois rares mais précieux : c’est le mieux pour vous, pour la planète et pour moi. Consultez la politique de confidentialité pour plus d’informations.

Sources
– Couplan F. (2017). Le régal végétal – Reconnaître et cuisiner les plantes comestibles. 2017e éd. Vol. 1. Sang de la Terre, Paris, 528 p.
– Couplan F. (2018). La cuisine sauvage – Accomoder mille plantes oubliées. Sang de la Terre, Paris, 628 p.
– Couplan F. ; Dubouigne G. (2023). Le petit Larousse des plantes qui guérissent. Larousse, Paris, 1032 p.
– Dumé G. ; Gauberville C. ; Mansion D. ; Rameau J.C. ; Bardat J. ; Bruno E. ; Keller R. (2018). Flore Forestière française – Plaines et Collines. CNPF, Paris, 2464 p. 
– Fleischhauer S.G. ; Guthmann J. ; Spiegelberger R. (2019). Plantes sauvages comestibles. Ulmer, Paris, 248 p.
– Lieutaghi P. (1996). Le livre des bonnes herbes. Actes Sud, Arles, 517 p.
– Luu C. (2021). 1 000 remèdes à faire soi-même. Terre vivante, Mens, 480 p. 

Yvann Robinet
Yvann Robinethttps://bosquetsauvage.com
Je souhaite transmettre mes connaissances relatives aux plantes sauvages, promouvoir la connexion entre l'humanité et le monde naturel, remettre au goût du jour les utilisations traditionnelles des plantes. Actuellement élève de troisième année au Collège Pratique d'Ethnobotanique (créé par François Couplan), je proposerai prochainement des activités sur le terrain dans le massif des Ardennes. Je vous en parle bientôt...

Le saviez-vous ?

Durant les périodes de disette, notamment lors de la Seconde Guerre mondiale, les feuilles de tilleuls séchées et moulues constituaient une "farine verte" nutritive. Trois cents grammes de feuilles fraîches produisaient 80 à 100 g de poudre, incorporée dans le pain ou les bouillies.

Ne manquez pas mes prochains articles

Nous recevons déjà trop de mails ! C'est la raison pour laquelle je privilégie la qualité à la quantité. Des envois rares mais précieux : c'est le mieux pour vous, pour la planète et pour moi. Consultez la politique de confidentialité pour plus d’informations.

Cela peut vous intéresser...

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici