Le lamier blanc, également connu sous le nom scientifique de Lamium album, est une plante herbacéeQui a une consistance tendre puisque dénuée de bois. Ses tiges sont formées de cellulose. Par opposition à une plante constituée de bois ou y ressemblant (plante ligneuse). vivacePlante pouvant vivre plusieurs années. appartenant à la famille des Lamiacées. On l’appelle souvent ortie blanche, voire ortie morte en raison de sa ressemblance avec l’ortie, bien qu’elle ne possède pas de poils urticants et ne pique donc pas. Elle est toutefois généralement voisine de l’ortie et n’hésite pas à s’y dissimuler.
C’est une plante très commune en France puisqu’elle pousse jusqu’à 2200 mètres d’altitude. Elle est en revanche plus rare en région méditerranéenne et dans les Alpes. Je souhaite vous la présenter parce qu’elle fait partie des plantes comestibles abondantes et communes que l’on peut reconnaître facilement.
Lamier blanc – Où pousse le lamier blanc ?
Préférant les sols frais, profonds et basiques, le lamier blanc prospère dans les haies, les prairies rudéralisées et les lisières de forêts. Son affinité pour les substrats riches en nutriments, notamment en azote, en fait un bio-indicateur des perturbations anthropiques modérées.
Description du lamier blanc
Le lamier blanc est une plante velue qui mesure généralement de 20 à 60 cm. Sa tige est creuse et carrée (quadrangulaireLa section transversale est de forme carrée ou rectangulaire, avec des angles bien marqués.). Ses feuilles sont opposéesDeux feuilles émergent à chaque nœud de la tige, directement l'une en face de l'autre, de part et d'autre de la tige., décusséesDisposées par paires opposées le long de la tige, et chaque paire successive est orientée à un angle droit (90°) par rapport à la paire précédente. Cela crée une disposition en croix le long de la tige. et mesurent de 5 à 6 cm de long. Elles sont de forme cordéeEn forme de cœur. voire triangulaire et sont acuminéesUn organe est dit acuminé lorsque son apex (sommet) se rétrécit graduellement en une pointe fine.. Les marges sont fortement dentéesBordé de dents.. Le pétiolePartie étroite de la feuille unissant le limbe à la tige. ne porte pas de stipulesPetite structure foliacée, membraneuse ou épineuse, située à la base du pétiole (la partie qui relie la feuille à la tige), souvent par paires. à sa base. Ce qui est l’une des caractéristiques pour le différencier très facilement de la grande ortie (Urtica dioica). Je vous en parle un peu plus loin.
La floraison s’étend d’avril à novembre, avec un pic entre mai et août selon les régions. Les fleurs se situent à l’aisselleAngle, souvent aigu, formé à la jonction entre la tige principale d'une plante et le point d'insertion d'une feuille ou d'un pétiole. des feuilles, en glomérulesInflorescence compacte, formée d'un groupe de fleurs sessiles (sans pédoncule) ou presque sessiles, qui sont rassemblées en un petit amas dense. de 6 à 14 fleurs zygomorphesUne fleur est dite zygomorphe lorsqu'elle ne peut être divisée en deux moitiés symétriques que par un seul plan. Cela signifie que la fleur présente une symétrie bilatérale. Contrairement aux fleurs actinomorphes (radialement symétriques), qui peuvent être divisées en moitiés égales par plusieurs plans.. Chaque fleur présente une corolleEnsemble des pétales bilabiée de 1,5 à 2 cm de longueur d’un blanc pur marqué de jaune pâle à la base du tube.
La lèvre supérieure, en forme de casque cilié, protège quatre étaminesOrgane mâle de la fleur produisant le pollen. Il est formé de l'anthère (qui contient le pollen) et d'un filet. didynames (deux longues et deux courtes) aux anthères velues.
Après pollinisation principalement entomophile, le lamier blanc produit des tétrakènes, fruits secs segmentés en quatre akènesFruit sec indéhiscent (qui ne s'ouvre pas à maturité) dont les parois sont distinctes de l'unique graine qu'il renferme. Par exemple, le fruit du chêne est un akène..
Le lamier blanc – une abondante plante comestible
Le lamier blanc fait partie des plantes que l’on peut consommer crues ou cuites. Lorsque la plante est jeune, on peut ajouter ses feuilles ciselées aux salades, associées à d’autres pousses. Elles ont un léger goût de champignon. Il est aussi possible de consommer ses fleurs que j’utilise personnellement pour décorer différents plats. Ses fleurs sont idéales pour décorer différents plats.
Lorsque la plante est plus âgée, je préfère la consommer cuite. On peut alors l’ajouter aux soupes, aux quiches et aux gratins. Si l’amertume des feuilles plus âgées vous dérange, vous pouvez les blanchir 1 à 2 minutes. Il est aussi possible de les lactofermenter pour en faire une « choucroute ». Concernant la cueillette, je vous encourage vivement à lire ces conseils de cueillette responsable et éthique.
Lamier blanc : les recettes
Je souhaite vous partager deux recettes proposées par l’ethnobotaniste François Couplan dans son ouvrage « la cuisine sauvage » qui n’est malheureusement plus édité au moment où j’écris ces lignes.
Boulettes de lamier
Vous aurez besoin de 250 g de millet déjà cuit ; 40 g de feuilles de lamier, 1 oignon, 4 gousses d’ail, 1 carotte, 1 cuillerée à soupe d’huile de tournesol, du thym, du sel, des graines de sésame, 100 g de graines de tournesol, 1/4 de litre d’eau, 100 g de levure alimentaire, 2 cuillerées à soupe de tamari.
- Mélangez le millet, les feuilles de lamier blanc coupées finement, l’oignon haché et l’ail pressé, la carotte râpée, l’huile de tournesol, le thym et le sel.
- Formez-en des boulettes que vous roulerez dans les graines de sésame.
- Disposez dans un plat huilé que vous mettrez à four moyen pendant 20 minutes.
- Servez avec une sauce préparée en broyant au mixer les graines de tournesol avec l’eau, la levure (que vous ajouterez graduellement) et le tamari. Dégustez chaud.
Lasagnes de lamier
Pour la pâte à nouilles, vous aurez besoin de : : 250 g de farine ; 2 œufs ; 1 cuillère à soupe d’eau ; 1 cuillère à café d’huile d’olive ; 1 pincée de sel;
Pour la garniture : 500 g de feuilles de lamier ; 3 cuillères à soupe d’huile d’olive ; 100 g de parmesan râpé.
Pour la sauce tomate: 2 oignons ; 2 cuillères à soupe d’huile d’olive ; 4 tomates ; 2 gousses d’ail ; 2 cuillères à soupe de serpolet ou d’origan sauvage ; 1 pincée de sel ; 1 pincée de poivre ; 1 pincée de sucre.
- Pétrissez ensemble tous les ingrédients de la pâte à nouilles. Étalez la pâte le plus finement possible et coupez-la en quatre rectangles de la grandeur de votre plat.
- Faites revenir le lamier coupé en lanières dans l’huile d’olive en remuant
constamment. - Préparez la sauce tomate : étuvez les oignons hachés dans une cocotte avec l’huile d’olive, ajoutez les tomates coupées en morceaux, l’ail et le serpolet ou l’origan effeuillé.
Laissez mijoter, à couvert, au moins une demi-heure. Vérifiez l’assaisonnement. - Dans un plat à gratin huilé, déposez un rectangle de pâte. Recouvrez d’une légère couche de sauce tomate puis du tiers du lamier. Saupoudrez de fromage râpé. Recouvrez d’un rectangle de pâte et continuez ainsi jusqu’à épuisement des ingrédients.
- Finissez avec une légère couche de sauce tomate et saupoudrez du reste du fromage.
Faites cuire à four moyen (180 °C) environ 30 minutes.
Composition et propriétés du lamier blanc
Le lamier blanc est par ailleurs une plante médicinale. On utilise dans ce cadre les sommités fleuries. Elles renferment des flavonoïdes, des iridoïdes, des saponines triterpéniques, et des alcaloïdes. Parmi les principaux constituants, on trouve l’acide gallique, des sels de potasse, des tanins et du sucre. Ces composants confèrent à la plante des propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes, et protectrices cellulaires. En phytothérapie, le lamier blanc est utilisé pour ses effets diurétiques, détoxifiants, et pour soutenir la production de bile et la digestion.
Le lamier blanc à travers les âges
Le nom Lamium dérive du grec lamos (« gosier »), évoquant la forme des fleurs ressemblant à une bouche ouverte. Cette caractéristique morphologique inspira les Anciens à l’associer à Lamia, figure mythologique gréco-romaine souvent dépeinte comme une ogresse dévoratrice. Paradoxalement, cette connotation menaçante contrastait avec ses usages bienfaisants, notamment dans les rites liés à Vénus, déesse de l’amour et de la fertilité. Au IXe siècle, Hildegarde de Bingen la surnommait binensug (« nectar d’abeilles »), soulignant son rôle dans l’équilibre écologique tout en lui attribuant une dimension presque céleste.
Si Pline l’Ancien évoque une « ortie d’automne » aux propriétés mal définies, c’est au Moyen Âge que le lamier blanc gagne en reconnaissance. Les herbiers médiévaux, comme ceux d’Hildegarde, le prescrivaient en décoctions pour soigner les inflammations cutanées et les blessures. Déjà, sa réputation de plante « protectrice » émergeait, servant autant à guérir les corps qu’à éloigner les influences néfastes selon les croyances populaires.
Un remède gynécologique
Le XVIe siècle marqua un tournant avec les travaux de Rembert Dodoens, médecin flamand qui en faisait un traitement essentiel des « flueurs blanches » (leucorrhées) et des saignements utérins excessifs. Cette application fut reprise par John Gerard, herboriste anglais, pour qui le lamier blanc « ranimait les ardeurs » féminines tout en régulant les cycles menstruels. Les femmes l’utilisaient en infusion ou en injections vaginales, une pratique encore rapportée au XIXe siècle par le Dr Henri Leclerc.
Utilisations du lamier blanc et croyances populaires
Au-delà de ses vertus médicinales, le lamier blanc jouait un rôle clé dans les jardins médiévaux. Planté près des pommes de terre, il était censé repousser les doryphores, un insecte redouté pour ses ravages sur les solanacées. Les agriculteurs lui attribuaient également la capacité d’améliorer le goût des tuberculesTige ou racine souterraine pérennante et renflée servant de réserve et ne portant que des embryons minuscules de feuilles., bien qu’aucune étude moderne ne corrobore cette croyance.
Dans certaines régions françaises, notamment en Lorraine, le lamier blanc était intégré aux bouquets de la Saint-Jean, censés protéger les foyers contre la foudre et les esprits malins. Cette coutume découlait de sa floraison précoce et abondante, interprétée comme un signe de vitalité printanière.
Les confusions possibles
On peut confondre le lamier blanc avec d’autres plantes mais celles-ci sont toutes comestibles.
La grande ortie (Urtica dioica)
Bien que le lamier blanc soit parfois surnommé « ortie morte », il appartient à une famille botanique distincte (Lamiacées, tandis que l’ortie fait partie de la famille des Urticacées). L’ortie se reconnaît facilement grâce à ses poils urticants, absents chez le lamier blanc . De plus, ses inflorescencesIl s'agit d'un ensemble de fleurs, voisines les unes des autres ou séparées par des bractées. vertes et pendantes, en grappes axillaires, contrastent avec les fleurs zygomorphesUne fleur est dite zygomorphe lorsqu'elle ne peut être divisée en deux moitiés symétriques que par un seul plan. Cela signifie que la fleur présente une symétrie bilatérale. Contrairement aux fleurs actinomorphes (radialement symétriques), qui peuvent être divisées en moitiés égales par plusieurs plans. du lamier blanc. Par ailleurs, la tige de l’ortie est ronde et non quadrangulaireLa section transversale est de forme carrée ou rectangulaire, avec des angles bien marqués. et la plante est stipulée, contrairement au lamier blanc. Enfin, l’ortie est plus sombre que le lamier blanc. Cela se perçoit assez bien lorsque les deux plantes poussent côte à côte.
Le lamier pourpre (Lamium purpureum)
Le lamier pourpre partage sa structure florale bilabiée mais arbore des fleurs rose pourpre et un feuillage souvent teinté de rougeâtre au sommet des tiges. Contrairement au lamier blanc, le lamier pourpre est une espèce annuellePlante dont le cycle de vie ne dépasse pas une année. ou bisannuelleUne plante bisannuelle a un cycle de vie de deux ans. Elle développe ses feuilles, tiges et racines la première année, et fleurit la deuxième année., plus petite (10-30 cm), avec des feuilles supérieures sessiles et embrassantes. Ses fleurs, plus petites et groupées en verticilles serrés, apparaissent dès la fin de l’hiver, précédant la floraison du lamier blanc.
Le lamier maculé (Lamium maculatum)
Le lamier maculé se distingue par ses fleurs roses ou pourpres ponctuées de taches sombres sur la lèvre inférieure. Ce lamier préfère les sols plus secs et les expositions ensoleillées, contrairement au lamier blanc qui affectionne l’ombre.
Le lamier jaune (Lamium galeobdolon)
Ce lamier se différencie par ses fleurs jaune vif et ses feuilles doublement dentéesBordé de dents.. La floraison intervient plus tôt au printemps, dès mars dans certaines régions.
Je peux aussi citer l’alliaire officinale (Alliaria petiolata) mais son odeur caractéristique d’ail au froissement permet de ne pas se tromper.
Les questions les plus posées concernant le lamier blanc
Le lamier blanc est-il comestible ?
Oui ! C’est une délicieuse plante sauvage comestible. Elle est aussi médicinale.
Quelles sont les contre-indications du lamier blanc ?
La majorité des sources soulignent l’absence de contre-indications absolues pour le lamier blanc lorsqu’il est utilisé aux doses traditionnelles. Cette sécurité relative s’explique par sa composition chimique, dépourvue de principes actifs toxiques à court terme.
Lamier blanc ou ortie ?
Le lamier et l’ortie sont deux espèces différentes. L’ortie a des poils urticants, contrairement au lamier blanc. Par ailleurs, la tige de l’ortie est ronde et non quadrangulaireLa section transversale est de forme carrée ou rectangulaire, avec des angles bien marqués.. L’ortie est stipulée et ne présente pas les inflorescencesIl s'agit d'un ensemble de fleurs, voisines les unes des autres ou séparées par des bractées. blanches du lamier blanc. Enfin, les feuilles de l’ortie sont plus sombres. Les deux espèces poussent souvent l’une à côté de l’autre.
Sources
– Couplan F. (2017). Le régal végétal – Reconnaître et cuisiner les plantes comestibles. 2017e éd. Vol. 1. Sang de la Terre, Paris, 528 p.
– Couplan F. (2018). La cuisine sauvage – Accomoder mille plantes oubliées. Sang de la Terre, Paris, 628 p.
– Couplan F. ; Dubouigne G. (2023). Le petit Larousse des plantes qui guérissent. Larousse, Paris, 1032 p.
– Dumé G. ; Gauberville C. ; Mansion D. ; Rameau J.C. ; Bardat J. ; Bruno E. ; Keller R. (2018). Flore Forestière française – Plaines et Collines. CNPF, Paris, 2464 p.
– Fleischhauer S.G. ; Guthmann J. ; Spiegelberger R. (2019). Plantes sauvages comestibles. Ulmer, Paris, 248 p.
– Lieutaghi P. (1996). Le livre des bonnes herbes. Actes Sud, Arles, 517 p.
– Luu C. (2021). 1 000 remèdes à faire soi-même. Terre vivante, Mens, 480 p.