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L’histoire de la cueillette de plantes sauvages

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Connaissez-vous l’histoire de la cueillette sauvage, pratique grâce à laquelle nos ancêtres ont pu se nourrir ? La cueillette de plantes comestibles remonte en effet aux origines de l’humanité elle-même. Avant que l’agriculture ne se développe, les premiers humains en étaient dépendants pour leur subsistance. Les communautés humaines se déplaçaient régulièrement à la recherche de nourriture, et la cueillette de plantes sauvages faisait partie intégrante de leurs activités quotidiennes.

Les cueilleurs étaient extrêmement observateurs et connaissaient intimement les plantes de leur environnement. Ils savaient quelles plantes étaient comestibles, lesquelles étaient toxiques et comment les préparer pour maximiser leur valeur nutritive.

La cueillette de plantes sauvages n’était pas seulement une activité de subsistance, mais aussi un moyen de tisser des liens avec la nature et de maintenir un équilibre écologique. Les cueilleurs avaient une connaissance profonde de leur environnement et savaient comment prélever les plantes de manière durable, en laissant suffisamment de temps aux populations végétales pour se régénérer.

Avec l’avènement de l’agriculture, la cueillette de plantes sauvages a progressivement reculé au profit de la culture de plantes domestiquées. L’Homme a commencé à cultiver ses propres récoltes, offrant une source plus fiable et prévisible de nourriture. Cependant, la cueillette de plantes sauvages n’a jamais complètement disparu. Dans de nombreuses cultures à travers le monde, cette pratique subsiste et se transmet encore de nos jours.

L’histoire de la cueillette sauvage : un déclin progressif

Si, comme nous allons le voir, la pratique de la cueillette sauvage a considérablement diminué, l’Homme continuait toutefois d’y recourir ponctuellement en cas de disettes et de famines.

Cueillette sauvage et christianisme

L’abandon progressif de la cueillette sauvage peut être attribué à plusieurs facteurs historiques et culturels, et parmi eux, l’influence du christianisme occupe une place significative. Le christianisme, en tant que religion dominante en Europe et dans de nombreuses régions du monde, a souvent considéré la cueillette sauvage comme un reliquat d’une pratique païenne, associée à des croyances et des rituels non chrétiens.

La christianisation de vastes territoires a entraîné une transformation profonde des mentalités et des modes de vie. Les missionnaires chrétiens ont joué un rôle clé dans la diffusion de la foi chrétienne et ont souvent été confrontés à des pratiques et des croyances locales qui leur semblaient en contradiction avec leur propre vision religieuse. La cueillette sauvage, en tant que pratique associée à des divinités païennes et à des rituels animistes, a été perçue comme incompatible avec les enseignements chrétiens.

Les premiers missionnaires chrétiens ont cherché à éradiquer ces anciennes traditions et à les remplacer par les enseignements et les pratiques chrétiennes. Ils ont encouragé les populations locales à se tourner vers l’agriculture et l’élevage, considérés comme des activités plus civilisées et productives. La culture des terres et l’élevage du bétail étaient perçus comme des moyens de subsistance plus stables et plus prévisibles que la cueillette sauvage, qui dépendait des saisons et des cycles naturels.

Au fil du temps, ces idées ont été intégrées dans les mentalités collectives et ont influencé les sociétés. Les communautés ont commencé à délaisser progressivement la cueillette sauvage au profit de modes de vie plus sédentaires, basés sur l’agriculture et l’élevage.

En outre, le christianisme a également apporté de nouvelles perceptions morales et éthiques concernant la relation entre l’homme et la nature. La conception dominante de l’humanité comme « gardienne de la création » a souvent été interprétée comme un appel à la maîtrise et à la subordination de la nature, plutôt qu’à une coexistence harmonieuse avec elle. Cette vision a contribué à une distanciation progressive par rapport aux pratiques de cueillette sauvage, perçues comme des interactions trop proches avec le monde naturel.

L'ortie est l'une des plantes les plus abondantes. L'une des plantes les plus consommées dans l'histoire de la cueillette sauvage.

L’ortie est l’une des plantes les plus abondantes. Elle est très riche en nutriments et peut être utilisée pour fabriquer de la corde.

L’histoire de la cueillette sauve est liée au statut social

Comme le rappelle l’ethnobotaniste François Couplan, depuis la fin du Moyen Âge, la cueillette sauvage s’est trouvée de plus en plus dévalorisée. La société féodale était divisée en deux parties distinctes, avec des habitudes alimentaires différentes. Les paysans se nourrissaient principalement de céréales, de légumineuses et de légumes rustiques, y compris des plantes sauvages régulièrement ramassées. En revanche, les nobles consommaient principalement de la viande, du pain blanc, du sucre et des produits exotiques cultivés par des jardiniers spécialisés.

Au fil du temps, les paysans ont abandonné leur alimentation traditionnelle pour adopter le mode de vie des bourgeois en ville. Cela a entraîné l’oubli rapide des traditions autrefois transmises de génération en génération. La cueillette des plantes sauvages est devenue une activité dévalorisée, associée à la pauvreté et à la famine. De plus, le développement des industries agroalimentaires a contribué à la diminution du nombre d’espèces et de variétés cultivées et commercialisées.

Ainsi, la perte d’intérêt pour la cueillette des plantes sauvages a conduit à la disparition de traditions millénaires et à l’appauvrissement de la diversité alimentaire, avec des conséquences sur la santé et l’environnement. Cette évolution reflète les changements sociaux, économiques et culturels qui ont marqué la transition entre le Moyen Âge et l’époque moderne.

Un retour en grâce ? Plutôt en demi-teinte

L’histoire de la cueillette sauvage ne s’arrête pas au Moyen Âge. Aujourd’hui, cette pratique connaît une forme de retour en grâce. De nombreux curieux s’interrogent concernant les plantes poussant naturellement près de chez eux et souhaitent développer leurs connaissances. De nombreuses formations fleurissent ici ou là.

En outre, de nombreux chefs cuisiniers ont commencé à s’y intéresser, tels que Michel Bras et Marc Veyrat, dont la médiatisation a propulsé les plantes sauvages, autrefois reléguées au second plan, sur le devant de la scène culinaire.

L'ouvrage herbier Gourmand de Marc Veyrat
L’ouvrage de Marc Veyrat et François Couplan a contribué à démocratiser la cuisine des plantes sauvages

De nombreux jeunes chefs talentueux, à l’instar de René Redzepi au Danemark, intègrent ces plantes sauvages dans leurs créations de manière naturelle, car elles s’alignent parfaitement avec leur concept de “nourriture locale”. Les herbes sauvages, autrefois négligées, sont maintenant considérées comme des joyaux de la cuisine, apportant des saveurs uniques et une touche d’authenticité à chaque plat. Les stages de “gastronomie sauvage” se multiplient, rencontrant un certain succès. Cette tendance reflète un profond désir de se connecter à la nature.

Si l’intérêt pour la cueillette sauvage se diffuse auprès du grand public, cela se limite de mon point de vue aux personnes qui fondamentalement apprennent par plaisir, pour se nourrir occasionnellement et épater les amis. Je peux me tromper, mais j’ai le sentiment que ces connaissances ne se diffusent toutefois pas dans les milieux pour lesquels elles seraient toutefois d’une grande utilité.

Je réside dans une petite ville des Ardennes située dans la vallée de la Meuse. En 2020, la part des personnes pauvres dans ce département représentait selon l’INSEE près de 18% de la population. La nature y est omniprésente et la pratique de la cueillette sauvage gagnerait à être pratiquée. Je réalise actuellement un travail préparatoire visant à former les personnes rencontrant des difficultés financières dans ma commune. Ce travail et les retours d’expérience feront l’objet d’un mémoire qui sera publié. Je rédigerai un article présentant ma démarche prochainement. En attendant, n’hésitez pas à m’écrire si vous souhaitez en savoir davantage.

Des reliquats d’anciennes pratiques subsistent

Cela dit, même si la majorité des connaissances relatives aux plantes sauvages a cessé de se transmettre avec le temps, qui ne s’est jamais régalé grâce aux mûres et fraises sauvages rencontrées en promenade ? De nombreuses personnes partagent encore les bons endroits où trouver des champignons, des noisettes, des noix ou des châtaignes. Les grands-parents vont avec leurs petits-enfants cueillir le dimanche les feuilles de pissenlit.

L’histoire de la cueillette sauvage est riche d’enseignements. Ces pratiques résiduelles formeront, je le crois, le substrat à partir duquel elles pourront à nouveau se développer.

Téléchargez 4 cartes mentales

Vous pouvez télécharger 4 cartes mentales : les arbres comestibles ; les baies toxiques ; l’ail des ours ; l’herbe à curry.

Il sera possible de les imprimer et les emporter sur le terrain ou les consulter régulièrement pour ancrer ces nouvelles informations. Vous recevrez également les prochaines ressources publiées concernant les plantes sauvages.

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Yvann Robinet
Yvann Robinethttps://bosquetsauvage.com
Je souhaite transmettre mes connaissances relatives aux plantes, partager mon intérêt pour l'autonomie et le développement de soi, promouvoir la connexion entre l'humanité et le monde naturel, remettre au goût du jour les mythes, les contes et les traditions anciennes. Actuellement élève de deuxième année au Collège Pratique d'Ethnobotanique (créé par François Couplan), je proposerai prochainement des activités sur le terrain dans le massif des Ardennes. Je vous en parle bientôt...

Le saviez-vous ?

L'ail des ours était utilisé par les Celtes en tant que plante purifiante. Elle était considérée comme une plante magique du fait de son odeur puissante. Portée par une femme enceinte, la plante protégeait l'enfant à venir.

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