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Quels types de miels privilégier ou éviter ?

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Connaissez-vous les propriétés médicinales du miel ? Saviez-vous que si certains se conservent dans le temps, d’autres pourrissent ? Ce terme générique, “miel“, est utilisé sans distinction pour nommer le miel produit industriellement vendu en supermarché, le miel reconstitué, frelaté ou coupé, les miels polyfloraux (miel de montagne, etc.) et les miels monofloraux, c’est-à-dire constitué en majorité à partir du nectar d’une seule espèce de plante.
La législation sur le miel est très permissive et de nombreux abus subsistent. Je vous ferai découvrir dans cet article quelques astuces pour identifier un miel qualitatif que vous pourrez stocker et utiliser pour vous soigner. Les protocoles de soins utilisés par le CHU de Limoges seront par ailleurs présentés.
Vous découvrirez aussi les différents types de miel et leurs propriétés. Nous verrons ensemble que, contrairement à une idée reçue, tous les miels (même de qualité) ne se conservent pas indéfiniment, certains fermentent et deviennent inutilisables.

Les propriétés antibactériennes et antifongiques du miel

Le miel a des propriétés antibactériennes et antifongiques. C’est la raison pour laquelle il est utilisé depuis l’Antiquité. Mise au rebus depuis l’apparition des antibiotiques, l’utilisation du miel se développe de plus en plus au fil des années, notamment au sein des hôpitaux.

En France, dès 1984, le professeur Bernard Descottes utilisait les miels de thym et de lavande contre les infections. Le docteur Albert Becker, président de l’association francophone d’Apithérapie a indiqué je cite : « À l’hôpital Georges-Pompidou, à Paris, des médecins en chirurgie ORL trempaient les canules de trachéotomie dans du miel pour éviter les infections chez les personnes cancéreuses immunodéprimées ».

Son association promeut l’utilisation du miel et des autres produits de la ruche par le secteur médical et paramédical. Les propriétés extraordinaires du miel s’expliquent par la présence de la défensine-1, une protéine antiseptique sécrétée par la jeune abeille ouvrière, ainsi que des inhibines et du méthylglyoxal (MGO). De plus, grâce à sa teneur élevée en sucre, le miel absorbe rapidement l’eau, ce qui déshydrate les bactéries. Enfin, son pH acide limite leur développement.

La viscosité du miel crée une barrière infranchissable pour les bactéries, ce qui améliore encore son efficacité.

Le miel soigne les brûlures et les plaies.

On considère que ses propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires sont suffisamment éprouvées pour les utiliser dans les hôpitaux. Le CHU de Lomé, au Togo, a d’ailleurs réalisé une étude sur le traitement des plaies au miel.

Leur conclusion est sans appel :

Le miel entraîne la cicatrisation des plaies à un prix modéré, et peut être utilisé dans nos formations hospitalières pour minimiser les dépenses induites par le traitement classique des plaies.Rapport à télécharger ici.

Le miel peut aussi être appliqué sur les escarres, les gerçures et crevasses. On peut les adapter à la situation dans laquelle on se trouve. Si vous n’avez pas de compresses, utilisez par exemple des feuilles de plantains.

Protocoles utilisés par le CHU de Limoges :

Sur urgence
– Tout miel peut être utilisé en premier recours.

Sur plaie propre
-Nettoyer au sérum physiologique.
-Appliquer le miel.
-Couvrir de compresses.
(À répéter chaque jour jusqu’à cicatrisation.)

Sur plaie souillée
-Faire prélèvement (pas possible en situation de survie ou d’autonomie..)
-Nettoyer au sérum physiologique.
-Appliquer le miel.
-Couvrir de compresses.
A répéter chaque jour en brossant avec brosse stérile, pour bien évacuer les zones de nécroses. Diminuer le brossage quand la plaie est presque cicatrisée.

Sur les brûlures
Appliquer immédiatement le miel sur la zone brûlée.
– Recouvrir de compresses sèches.
Changer le pansement de façon quotidienne jusqu’à cicatrisation.

Sur les lésions cutanées de type gerçure et crevasse
-Tremper préalablement les mains et les
pieds dans un bain d’eau tiède.
-Sécher la peau si possible avec un « souffleur » ou au sèche-cheveux.
-Appliquer l’équivalent d’un petit pois
dans la zone ulcérée.
-Recouvrir de compresses.
-Plus pansement occlusif par-dessus.
-Conserver 24h sur 24h

Quel miel utiliser pour se soigner ?

Pour se soigner, un miel contenant moins de 18% d’eau est requis. Au delà, il fermente et se conserve très mal. Ne les incluez pas dans votre stock à long terme. Voici les miels à éviter :
– Le miel de colza, parfois appelé miel de printemps. Il contient plus de 18% d’eau.
– Le miel de bruyère callune contient quant à lui 22% d’eau en moyenne.
Enfin, les miels de tilleul et de pissenlit sont à éviter du fait de leur richesse en eau souvent trop élevée.
Tous les miels chauffés à plus de 40 degrés perdent leurs propriétés.

Le miel industriel est à proscrire

Bon, évidemment, n’achetez pas du miel de fleurs Carrefour Classic pour vous soigner. Si vous n’avez que ça sous la main, vous pouvez toujours essayer mais vous ne devriez en obtenir aucun bénéfice. Pourquoi ?
Parce que les industriels profitent de la législation assez permissive pour diluer le miel (avec du sirop de glucose notamment) et le faire chauffer à haute température. Le miel perd donc toutes ses propriétés.

Pour les repérer, deux indices :
Une origine douteuse : “UE et hors UE”, mélange de miels, etc. Même s’il peut y avoir du véritable miel, les mélanges impliquent qu’il y ait davantage d’intermédiaire et donc de risques. Ces mélanges sont chauffés pour obtenir un produit fini homogène.
– Miel de France : lisez bien l’étiquette. J’ai déjà vu en vente du miel hors Union européenne conditionné en France.
Un prix bas : les miels industriels sont proposés à moins de 15 voire 10 euros le litre. J’en ai même vu à 4 euros…

L’apiculture : une voie d’accès vers la résilience

Avant de passer en revue les propriétés des différents miels, j’aimerais vous parler d’un sujet important. Nous rencontrons de plus en plus de personnes qui décident de changer de vie. Ils quittent ce que dans la société actuelle on appellerait “une bonne situation” pour se lancer dans une activité qui les fait vibrer et qui fait sens. Moi-même, je me forme actuellement à l’ethnobotanique et à la reconnaissance des plantes sauvages pour transmettre mon savoir, gagner en résilience et être utile à la communauté.
Vous faites peut-être déjà partie de ceux qui ont osé. Sinon, vous l’envisagez peut-être. Et si vous vous lanciez dans l’apiculture ? Vous pourriez miser sur la qualité et les vendre en ligne.
Vous pouvez aussi intégrer un éco-village et être utile dans la société de demain. Les propriétés offertes par le miel sont si extraordinaires que les apiculteurs pourraient participer à un troc. Les possibilités sont illimitées.

Il existe à présent des apiculteurs qui peuvent transmettre leur savoir au plus grand nombre. Il existe par exemple une formation à distance pour devenir apiculteur ou simplement pour le loisir. Si vous avez des questions, contactez-les.

Les différents miels et leurs propriétés

Je présenterai dans cette partie les types de miel que l’on peut produire en France, en Belgique ou en Suisse. Je ne parlerai donc pas du miel de manuka, souvent mis en avant, mais qui vient de l’autre bout de la planète. Nous avons la chance de bénéficier de miels de qualité en France, grâce à l’abeille européenne (Apis mellifera) et à un bon rapport qualité/prix/écologie.

Ne cédez pas aux sirènes du marketing : ce n’est pas parce qu’un produit est exotique (et donc rare et cher) qu’il est forcément plus efficace. Par exemple, les baies de goji dont on vante la richesse en vitamines C sont bien moins riches que les cynorrhodons que l’on peut trouver assez facilement et gratuitement en pleine nature.
Tous ces miels sont antiseptiques et peuvent être utilisés comme tels. Comme vous le verrez, certains miels présentés sont aujourd’hui très rares, ce qui peut donner j’espère des idées à certains apiculteurs.

Le miel d’acacia

Très liquide et doux, le miel d’acacia est certainement l’un des miels les plus appréciés. On l’utilise généralement comme régulateur intestinal. Ce miel est recommandé pour les jeunes enfants.

Les propriétés du miel d'acacia en font un miel recommandé pour les enfants.
Un rameau de robinier faux-acacia. Crédit photo : Liliane Roubaudi – Tela Botanica – CC-BY-SA 2.0 FR

Pour la petite histoire, même si on l’appelle communément miel d’Acacia, il s’agit en réalité d’un Robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia), espèce considérée comme envahissante en France, mais prisée dans certains pays comme la Hongrie pour ses qualités. Son bois s’avère être à la fois flexible et résistant.

Si cet arbre est présent partout en France, il est toutefois davantage présent dans certaines régions : le Bassin parisien, l’Aquitaine, le Centre, l’Est et le Piémont pyrénéen.

La production de miel d’acacia est considérée comme difficile, car très irrégulière. Les fleurs de l’arbre sont sensibles aux gelées tardives, aux vents et aux orages.
S’il est l’un des miels les plus consommés par les Français, c’est surtout parce qu’il reste liquide très longtemps. S’il cristallise rapidement, cela témoigne de la présence d’autres nectars. La conservation du miel d’acacia est excellente.

Le miel d’arbousier

Voici un miel aujourd’hui rare et généralement peu apprécié à cause de son amertume. C’est un miel principalement recherché par les producteurs de vinaigres de miel. Le miel d’arbousier a des propriétés diurétiques et favorise la circulation sanguine.

Le miel d’Arbousier est généralement produit en Corse et plus rarement au sud de la France.

C’est un miel à la production régulière, généralement au mois de novembre.

Il cristallise rapidement en gros granulés et se conserve parfaitement. Les vendeurs aiment bien dire de lui qu’il est le plus puissant des miels français. Ce qui peut se justifier au vu de son amertume.

Le miel d’aubépine

Nous sommes très peu à avoir eu la chance de goûter à du miel d’aubépine. Ce miel assez rare de couleur clair aide les personnes victimes d’insomnies, de stress et de palpitations cardiaques. Il aurait une saveur suave et fruitée.

Sa production s’étendait dans le nord et l’ouest de la France. Elle dépend grandement des conditions climatiques mais un temps sec et chaud permet à l’aubépine de secréter beaucoup de nectar.

Ce miel cristallise assez rapidement et finement. Sa conservation est là aussi excellente.

Le miel de bourdaine

Ruche en bourdaine, vannerie.
Ruches traditionnelles en vannerie osier/bourdaine ou ruches en paille spiralée cousue. Elles sont magnifiques. Crédit photo : abeillesenliberte.fr

Un miel très méconnu mais dont les amateurs de miel raffolent. Ses propriétés sont similaires à celle de la plante : purgatif doux, ce miel facilite le transit intestinal. Il dégage une subtile saveur balsamique fruitée.

La concentration de Bourdaine est plus importante dans le Massif central et en Aquitaine. La récolte se fait au mois de juillet et est considérée comme suffisamment régulière. Si bien que certains apiculteurs le proposent à la vente.

Ce miel cristallise lentement et se conserve très bien dans le temps.

Pour la petite histoire, on peut utiliser les jeunes rameaux de bourdaine en vannerie. Elle a été utilisée dans le nord-est de la France au XIXe siècle pour fabriquer des ruches en bourdaine. Il existe même des stages pour apprendre à en fabriquer.

Le miel de chardon

Autre miel méconnu : le miel de chardon. Il a la particularité de dégager une légère saveur de réglisse. Ce miel aurait des propriétés aphrodisiaques, antistress et digestives.

Rarement produit en France, il est produit à petite échelle par des apiculteurs passionnés sur le pourtour méditerranéen.

La récolte de ce miel est régulière mais peu abondante. Il cristallise rapidement et très finement. Le miel de chardon se conserve parfaitement.

Le miel de châtaignier

Voici l’un de mes miels préférés. Le miel de châtaignier serait plus efficace pour la cicatrisation. Il est aussi bénéfique pour améliorer la circulation sanguine. Son goût est fort, boisé avec une légère amertume. Quant à son odeur, elle me fait voyager en forêt.

Les apiculteurs le produisent un peu partout en France : en Bretagne, dans les Cévennes, les Pyrénées, la Corse et le Massif central.

La récolte est considérée comme régulière et est facilitée par la rosée du matin. En revanche, les grosses chaleurs lui sont néfastes.

Le miel de châtaignier se conserve parfaitement et cristallise après généralement après plusieurs mois en granulés assez gros. Après 3 ans, mon pot n’est pas entièrement cristallisé.

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Le miel de chêne

Nous restons en forêt pour parler à présent du miel de chêne, qui est en réalité un miellat. Quelle est la différence ? Le miel est conçu à partir du nectar produit par les fleurs. Le miellat est conçu grâce à un intermédiaire qui est dans ce cas-ci le puceron. Ce dernier se nourrit des feuilles du chêne et rejette les substances sucrées qu’il ne peut pas digérer, appelées “miellat”, et que vient récupérer l’abeille.

Je n’ai jamais eu la chance de le goûter, mais selon mes lectures, il dégagerait des aromes de réglisse et de menthe. Il ne laisserait personne indifférent. Le miel de chêne fait partie des miels les plus riches en oligoéléments et a des propriétés fortifiantes.

Il est produit dans les chênaies (bois de chêne), la plupart du temps dans le sud de la France. La récolte est irrégulière mais très abondante lorsqu’elle se produit l’été.

Le miel de sapin

Propriétés médicinales du miel de sapin.
Le miel de sapin a des propriétés diurétiques et antianémiques.

Vous vous souvenez du miellat de chêne ? Le miel de sapin fait aussi partie des miellats. Ses propriétés sont nombreuses : il est antianémique, diurétique (en plus des propriétés antiseptiques communes à tous les miels) et est très riche en oligoéléments. Sa saveur est forte, boisée et résineuse.

Le miel de sapin est produit en Auvergne, au Jura, dans les Vosges et en Alsace. La récolte est assez imprévisible et peut-être abondante ou inexistante. Elle dépend en effet de la présence des pucerons.

Il cristallise très lentement et se conserve très bien.

Je pourrais aussi évoquer les miels de lavande, de cerisier, de serpolet, de houx, de bruyère erica ou blanche, de sarrasin, de framboisier, de lierre, de saule, de romarin, de ronce, de thym, de luzerne, de rhododendron, etc. mais cet article est déjà très long. L’ouvrage spécialisé présenté ci-dessous pourrait vous être utile si vous souhaitez en savoir plus.

Pour aller plus loin

Si l’univers de l’apiculture vous intéresse, je vous recommande l’ouvrage le Traité Rustica de l’Apiculture, un livre de près de 2 kilos considéré comme une référence. Il fait d’ailleurs partie des ressources que j’ai utilisées pour rédiger cet article. Vous y apprendrez toutes les connaissances relatives à la biologie de l’abeille, les différentes espèces, les rôles qu’elles occupent au sein de la colonie, les maladies, les prédateurs, la pollinisation, le matériel, l’équipement, la miellerie, etc.

Ressources utilisées :
– Henri C. (2018). Le traité Rustica de l’apiculture. Rustica, Paris, 560 p. Voir ici.
Peau de miel – chirurgie digestive, endoctrienne et générale du CHU de Limoges.
Le miel, un cicatrisant naturel à l’hôpital | National Geographic
A prospective randomised clinical and histological study of superficial burn wound healing with honey and silver sulfadiazine – ScienceDirect
The Evidence Supporting the Use of Honey as a Wound Dressing – P. C. Molan, 2006 (sagepub.com) (J’ai simplement utilisé l’abstract de l’article, ce dernier n’était pas libre d’accès..)


Pour information, les liens présents sur cet article sont affiliés et vous permettent de soutenir mon travail. Le prix reste le même pour vous.

Yvann Robinet
Yvann Robinethttps://bosquetsauvage.com
Je souhaite transmettre mes connaissances relatives aux plantes, partager mon intérêt pour l'autonomie et le développement de soi, promouvoir la connexion entre l'humanité et le monde naturel, remettre au goût du jour les mythes, les contes et les traditions anciennes. Actuellement élève de deuxième année au Collège Pratique d'Ethnobotanique (créé par François Couplan), je proposerai prochainement des activités sur le terrain dans le massif des Ardennes. Je vous en parle bientôt...

Le saviez-vous ?

En Irlande, on avait l’habitude de consulter les esprits du lieu avant de construire sa maison. Quatre bâtons ou quatre tas de pierres étaient installés la veille au soir. S’ils étaient intacts le lendemain matin, la construction pouvait débuter. Dans le cas contraire, il fallait choisir un autre emplacement.

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