S’il est difficile de penser aux arbres lorsqu’on recherche des plantes comestibles, ils sont pourtant bel et bien une source de nourriture non négligeable. Le goût et la texture de leurs feuilles sont plus agréables au printemps, mais on peut toutefois en cueillir une assez grande quantité pour les faire sécher et les réduire en poudre. C’est un bon moyen de les consommer à toutes saisons. Dans cet article, je vais vous présenter 10 espèces d’arbres comestibles. Comme vous le constaterez, les fruits ou les fleurs de ces arbres et arbustes sont la plupart du temps eux aussi comestibles. Ces connaissances vous seront utiles si vous souhaitez alléger votre sac de randonnée et gagner en autosuffisance alimentaire.
Vous pourrez gratuitement télécharger une carte mentale récapitulative à la fin de l’article.
Les tilleuls (Tilia spp.)
Le premier arbre comestible dont je voudrais parler est le tilleul. Il existe en réalité plusieurs espèces de tilleuls et elles sont toutes comestibles : le tilleul commun (Tilia x europea), le tilleul à larges feuilles (Tilia platyphyllos) ou le tilleul à petites feuilles (Tilia cordata).
Les feuilles de ces arbres comestibles restent agréables jusqu’à la fin du mois de juin environ. Plus tard, elles deviennent fibreuses et sont à consommer après avoir été blanchies, ou tout simplement en soupe. Tous les tilleuls sont comestibles, mais les feuilles des tilleuls argentés (Tilia tomentosa) et à petites feuilles (Tilia cordata) ont meilleur goût. Les fleurs et les fruits oléagineux de ces arbres sont aussi comestibles.
Je vais vous décrire le tilleul à petites feuilles. N’hésitez pas à aller sur le terrain, à regarder des vidéos ou à vous rapprocher d’une association pour mettre en pratique vos connaissances et mieux les assimiler. Le tilleul à petites feuilles est un arbre au port arrondi et régulier qui peut atteindre 1000 ans. Son écorce de couleur brun grisâtre se creuse avec le temps. Ses feuilles sont cordéesEn forme de cœur.. On observe une longue pointe à leur extrémité. Leurs marges sont dentéesBordé de dents.. Il y a des petits poils roux à l’aisselleAngle, souvent aigu, formé à la jonction entre la tige principale d'une plante et le point d'insertion d'une feuille ou d'un pétiole. des nervures situées sur le revers des feuilles. C’est une caractéristique du tilleul à petites feuilles. Soyez observateur : il y a souvent les fruits séchés de l’année passée sur l’arbre, ce qui peut vous aider à l’identifier.
Les chênes (Quercus spp.)
Les chênes font aussi partie des arbres comestibles, non seulement pour leurs glands, mais aussi pour leurs feuilles. Ces dernières ont une légère saveur de châtaigne ou de noisette. Dès qu’elles grandissent, elles se chargent rapidement en tanins et deviennent âpres. Il vaut mieux les consommer dans la première semaine, lorsqu’elles sont encore de couleur vert clair.
Quant aux glands, après une préparation adéquate, ils s’avèrent être la source de glucides la plus abondante et la plus accessible en forêt. Cette préparation est nécessaire pour enlever le tanin présent dans les glands. Il suffit de les faire bouillir dans plusieurs eaux en jetant l’eau de cuisson à chaque fois. L’eau s’éclaircit au fur et à mesure et les glands perdent leur apprêté. Les chênes situés sur le pourtour méditerranéen sont moins riches en tanins et nécessitent moins de préparation. Il s’agit du chêne vert (Quercus ilex) et du chêne-liège (Quercus suber).
Les glands sont à poids égal, deux fois plus caloriques que les châtaignes. On estime que 100g de glands apportent en moyenne 500 calories. Ils sont aussi riches en protéines (8%) et en lipides (10%).
Vous reconnaîtrez facilement ces arbres comestibles grâce à leurs feuilles caractéristiques. Elles sont peu larges à la base, mais s’élargissent au sommet et sont lobées.
Le hêtre (Fagus sylvatica)
Un arbre que l’on trouve communément en forêt, mais qui reste toutefois rare sur le pourtour méditerranéen. Les feuilles du hêtre sont acidulées et ont un goût plutôt doux lorsqu’elles sont encore jeunes. Elles mesurent entre 5 et 10 centimètres de long. Elles ont la particularité d’avoir les bords extérieurs velus. Pour vous en souvenir, vous pouvez vous remémorer cette phrase : « le charme d’Adam, c’est d’être à poil ». Cela permet d’éviter de le confondre avec le charme (Carpinus betulus) dont le bord des feuilles est dentéBordé de dents.. Les fruits de cet arbre sont appelés faînes. Ce sont des akènesFruit sec indéhiscent (qui ne s'ouvre pas à maturité) dont les parois sont distinctes de l'unique graine qu'il renferme. Par exemple, le fruit du chêne est un akène. à trois faces (trigones) protégés par une cupule (ressemblant à une bogue). Ces akènesFruit sec indéhiscent (qui ne s'ouvre pas à maturité) dont les parois sont distinctes de l'unique graine qu'il renferme. Par exemple, le fruit du chêne est un akène. sont comestibles crus si vous enlevez leur peau dure. Sinon, vous pouvez les faire griller comme les châtaignes ou les faire tremper dans l’eau pendant une nuit. Enlever cette peau sera beaucoup plus simple ensuite.
Pour la petite histoire, on produisait jusque dans les années 30 une huile de très bonne qualité à partir des faînes dans l’est de la France.
Le bouleau verruqueux (Betula pendula)
Voici un arbre facile à reconnaître et présent jusqu’à 2 200 mètres d’altitude en France, Belgique et Suisse. C’est un arbre pionnier. C’est-à-dire qu’il est le premier à apparaître sur un sol nu, après un feu de forêt par exemple. Sa présence contribue à régénérer le sol, ce qui favorise l’apparition d’autres espèces. Les menuisiers et ébénistes apprécient son bois, considéré comme résistant, flexible et léger. Ses feuilles peuvent être utilisées pour teindre la laine en jaune ou vert.
Le bouleau verruqueux fait partie des arbres comestibles. Ses jeunes feuilles sont consommables au tout début du printemps, crues ou cuites. Après une semaine, elles deviennent déjà trop épaisses et fibreuses. La sève de bouleau est parfois utilisée dans les pays du nord pour confectionner un sirop de bouleau. Si vous souhaitez en produire, assurez-vous d’avoir suffisamment de combustible pour faire évaporer l’eau. On estime qu’il faut en moyenne 120 litres de sève brute pour obtenir 1 litre de sirop.
L’écorce de cet arbre comestible est recouverte de petites rayures horizontales que l’on appelle lenticelles. Si la base du tronc peut se crevasser avec le temps, son écorce est généralement lisse. Quant à ses feuilles comestibles, elles sont glabres, triangulaires et doublement dentéesBordé de dents..
Vous pouvez confondre le bouleau verruqueux avec le bouleau pubescentCouvert de poils duveteux, mous, courts et peu serrés. qui est lui aussi comestible.
Les micocouliers (Celtis spp.)
Les micocouliers poussent majoritairement dans le sud de la France, dans les forêts de feuillus ou dans les garrigues. Deux espèces cohabitent en France : le micocoulier de Provence (Celtis australis) ainsi que le micocoulier de Virginie (Celtis occidentalis). Ce sont deux espèces d’arbres comestibles.
Les feuilles de micocouliers ont une saveur agréable et fruitée au début du printemps.
Leurs petits fruits sont des drupes que l’on appelle « micocoules ». Ils sont légèrement sucrés, mais pas très charnus. Ils prennent une teinte bordeaux foncé lorsqu’ils sont bien mûrs. Le noyau contient en revanche une graine comestible riche en lipides. Pour la petite histoire, l’huile de ces graines a été utilisée pour alimenter les lampes à huile.
Si vous observez un arbre avec des feuilles faisant penser à celles des orties, c’est probablement un micocoulier. Elles sont asymétriques et recouvertes de poils rudes. Consultez la fiche descriptive Tela Botanica de cet arbre comestible pour en savoir plus.
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L’aubépine (Crataegus monogina)
Cet arbuste est très commun en France jusqu’à 1 700 mètres d’altitude. Aussi surnommé épine-blanche, on le trouve la plupart du temps en lisière de forêt. Ses feuilles sont simples et découpées. Leur saveur et texture restent agréables jusqu’au mois d’avril. Arrivent ensuite les fleurs, elles aussi comestibles. Les faux-fruits, appelés cenelles, sont délicieux lorsqu’ils arrivent à maturité, généralement à partir du mois de septembre. Essayez-le en compote, c’est délicieux !
Vous pouvez aussi consommer l’aubépine à deux styles (Crataegus laevigata). Les deux espèces ont en effet les mêmes propriétés.
L’églantier (Rosa canina)
Autre espèce comestible très commune : l’églantier. Cet arbrisseau que l’on appelle aussi communément rosier des chiens pousse dans tous les milieux jusqu’à 1700 mètres d’altitude. Vous le trouverez facilement en forêt ou en lisière de bois. Ses feuilles sont composées de 5 voire 7 foliolesChaque partie d'une feuille composée.. Elles sont comestibles toute l’année, mais sont bien plus agréables au printemps. En outre, le fruit de l’églantier est un cynorhodon extrêmement riche en vitamine c. Les petits poils qui entourent les fruits à l’intérieur sont par ailleurs utiles pour éliminer les oxyures, (les vers).
Les autres arbres comestibles
L’orme (Ulmus sp.)
Au printemps, vous reconnaîtrez facilement cet arbre comestible grâce à ses fruits, appelés samares. Ils apparaissent en effet avant les feuilles. Ces samares sont délicieuses crues en salade ou grillées à la poêle. Les feuilles sont aussi comestibles au début du printemps.
L’aulne glutineux (Alnus glutinosa)
Les feuilles de l’aulne glutineux ont un léger goût de réglisse. Elles sont aussi comestibles lorsqu’elles sont jeunes, mais avec modération. On reconnaît facilement cet arbre grâce à ses fruits séchés qui ressemblent à des cônes.
L’érable plane (Acer platanoides)
Les feuilles de l’érable plane ont bon goût, contrairement à celles de l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus) qui restent toutefois comestibles en cas de nécessité. Le pétiolePartie étroite de la feuille unissant le limbe à la tige. de l’érable sycomore a tendance à être rouge, comme sur la photo ci-dessous. Sa feuille est beaucoup moins pointue que celle de l’érable plane.
Les questions les plus souvent posées au sujet des arbres comestibles.
Il est nécessaire de bien différencier les différentes espèces. Il existe une confusion engendrée par l’utilisation du nom populaire « laurier » : laurier noble, laurier-cerise, laurier rose. Seul le laurier noble (aussi appelé laurier sauce) est comestible. Ce n’est pas un arbre mais un arbuste. Son nom latin est Laurus nobilis et il fait partie de la famille des Lauracées. Les autres plantes, bien que communément appelées laurier, ne font pas partie de cette famille.
Le laurier-cerise (Prunus laurocerasus) est toxique et fait partie de la famille des rosacées.
Le laurier rose (Nerium oleander) est très toxique et fait quant à lui partie de la famille des Apocynacées.
Assurez-vous qu’il s’agit du Laurus nobilis avant de l’utiliser en cuisine.
Le charme (Carpinus betulus) est un arbre comestible, mais la saveur de ses feuilles n’est pas très agréable. Sa consommation est possible, mais en cas de nécessité, en situation de survie si l’on ne trouve rien d’autre à manger.
Les feuilles du merisier (Prunus avium) ont un léger goût d’amande amère. Elles sont comestibles au stade jeune mais avec modération. Les fleurs de cet arbre sont aussi comestibles, mais il est préférable de les laisser pour permettre aux oiseaux de profiter des fruits.
Le sureau noir (Sambucus nigra) est en réalité un arbuste ou un arbrisseau. Ses fleurs et ses fruits sont comestibles.
Pour résumer, voici la liste des arbres et arbustes dont les feuilles sont comestibles :
– Les tilleuls
– Les chênes
– Le hêtre
– Le bouleau verruqueux
– Les micocouliers
– L’aubépine
– L’églantier
– L’orme
– L’aulne glutineux
– L’érable plane
Cette liste n’est évidemment pas exhaustive. J’enrichirai cet article avec le temps.
Je préfère traiter à part la consommation du cambium. Avec l’abondance de plantes sauvages et de ressources dans la nature, il y a peu de risques pour que vous vous trouviez dans une situation nécessitant sa consommation. Il est de plus interdit de prélever du cambium dans les forêts publiques, à moins de se trouver réellement en situation de survie. Le cambium de certaines espèces d’arbres a été utilisé par le passé et est donc considéré comme comestible. Il faut veiller à ne pas le prélever tout autour d’un seul arbre, au risque de le tuer.
– Tous les érables
– Les ormes
– Les peupliers
– Les tilleuls
– Les saules
– Les hêtres
– Les bouleaux
– Tous les arbres faisant partie de la famille des Pinacées.
Pour aller plus loin, voici d’autres articles :
– Les plantes comestibles en forêt (très utile si vous aimez randonner dans les bois ou que vous souhaitez gagner en autonomie alimentaire.)
– Tout savoir sur les plantains (espèces que l’on trouve partout et très faciles à reconnaître.)
– Les plantes sauvages (partie du site où vous trouverez tous les articles dédiés aux plantes sauvages.)