J’aimerais aujourd’hui vous parler d’une plante que j’apprécie particulièrement : la ficaire. Son nom scientifique est Ficaria verna (anciennement Ranunculus ficaria). Elle appartient à la famille des Renonculacées, comme le bouton d’or que vous utilisiez pour voir si vous aimiez le beurre ou non. C’est une plante intéressante qu’il faut bien connaître puisqu’elle est à la fois comestible et toxique. Je vous en parle dans cet article.
Description de la ficaire
La ficaire est une plante herbacéeQui a une consistance tendre puisque dénuée de bois. Ses tiges sont formées de cellulose. Par opposition à une plante constituée de bois ou y ressemblant (plante ligneuse). vivacePlante pouvant vivre plusieurs années. haute de 10 à 30 cm qui fleurit au début du printemps. C’est l’une des premières plantes à apparaître dans les zones tempérées après l’hiver. Elle fournit ainsi une source précoce de nectar pour les insectes pollinisateurs. La plante forme des tapis denses dans les sous-bois humides, les bords de chemins et les prairies humides, préférant les sols riches et humides.
Noms communs : ficaire ; petite éclaire ; éclairette ; épinard du bûcheron ; petite chélidoine ; herbe aux hémorroïdes ; louis d’or
Nom latin : Ficaria verna
Étymologie : Ficaria vient du latin ficus signifiant figue, en référence à la forme des tuberculesTige ou racine souterraine pérennante et renflée servant de réserve et ne portant que des embryons minuscules de feuilles. agglomérés qui rappellent la forme du fruit. Vernus signifie printanier, en référence à sa floraison précoce.
Famille : Renonculacées
Répartition en France : très commune jusqu’à 1 500 mètres d’altitude
Répartition dans le monde : plante native en Europe, Afrique du Nord et en Asie occidentale
Milieux : espèce d’ombre ou de demi-ombre, les sols humides en lisières de forêts, sols limoneux ou argileux. Sa présence témoigne d’une bonne fertilité du sol.
Floraison : de mars à mai
Période de cueillette : dès le début du printemps, avant que les fleurs n’apparaissent. Vous trouverez les explications au fil de votre lecture.
Comment reconnaître la ficaire
Vous n’aurez pas besoin de retenir toutes ces informations pour bien identifier la ficaire. Voyez-les comme un moyen de vous familiariser avec le vocabulaire de botanique.
Les feuilles de la ficaire sont petites, luisantes, et de forme cordéeEn forme de cœur., entières ou légèrement sinuées avec un long pétiolePartie étroite de la feuille unissant le limbe à la tige. engainantForme une gaine autour de la tige. la tige par sa base. Leur texture est caoutchouteuse et légèrement charnue.
Les tiges sont généralement couchées, mais sont parfois dressées.
Les fleurs sont solitaires et mesurent entre 2 et 3 cm de diamètre. Elles comportent 3 sépalesChacune des pièces du calice d'une fleur. Ils sont généralement verts chez les dicotylédones à pétales colorés ; ils entourent le bouton floral et, sauf exception, évoluent peu par la suite. (Larousse) et de 6 à 12 pétales linéairesQualifie un organe étroit et allongé à bords parallèles. de couleur jaune d’or.
Une courte tige souterraine porte plusieurs bourgeons ainsi que des racines renforcées ressemblant à de petits tuberculesTige ou racine souterraine pérennante et renflée servant de réserve et ne portant que des embryons minuscules de feuilles..
La ficaire, comestible mais toxique…
On peut consommer les jeunes feuilles de ficaire crues en petite quantité. Il n’y a pas de risque à les ajouter à une salade. Cependant, la ficaire renferme une substance irritante qui se forme à la lumière : la protoanémonine. C’est la raison pour laquelle on la consomme jeune, la concentration augmente après la floraison. Cela dit, vous pourriez trouver de la ficaire sous les feuilles mortes. Elles sont moins riches en protoanémonine et donc beaucoup moins âcres. Le séchage de la plante transforme par ailleurs la protoanémonine en anémonine. Cette dernière n’est pas irritante. Il n’y a pas de risque à utiliser quelques fleurs pour décorer ses salades.
Lorsqu’elle est plus âgée, la ficaire peut être cuite à l’eau pour diminuer son âcreté.
François Couplan rappelle qu’en Corse, la racine de ficaire aurait été cuite quelques minutes à l’eau bouillante puis servie avec du gros sel et de l’huile d’olive. La plante était par ailleurs couramment consommée en Pologne jusqu’à la fin du XIXe siècle.
Retenez que la grande majorité des plantes faisant partie de la famille des Renonculacées sont toxiques, même si elles ont parfois été consommées en cas de famine (après toutefois une longue préparation). L’aconit napel est aussi une renonculacée. Elle est considérée comme la plante la plus toxique de notre flore.
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Carte mentale récapitulative
Principaux constituants de la ficaire
Nous l’avons vu, la plante contient de la protoanémonine qui disparaît au séchage. Les feuilles contiennent par ailleurs une quantité non négligeable de vitamine C. Les racines de la plante renferment des saponosides, de la ficarine et de l’amidon.
Usages traditionnels de la ficaire
La ficaire a autrefois été utilisée en tant que remède contre les hémorroïdes, surtout en Belgique. La médecine des signatures explique cet usage puisque les parties souterraines de la plante peuvent ressembler à des hémorroïdes. Elle était alors utilisée sous forme d’onguent, de compresses, pommades, décoctions, etc.
Elle a aussi été consommée pour combattre le scorbut grâce à sa richesse en vitamine C. Les marins la mélangeaient d’ailleurs au sel en prévention.
L’usage interne est déconseillé. La ficaire n’est d’ailleurs plus autorisée à la vente en herboristerie depuis 2011.
Les risques de confusion
Il est possible de confondre la ficaire avec d’autres renoncules ayant des feuilles cordéesEn forme de cœur.. Les fleurs des autres renoncules n’ont que 5 pétales, ce qui permet de lever tout doute. Pour la petite histoire, bien qu’elle fasse partie de la famille des Renonculacées, la ficaire a été classée dans un genre à part du fait de son nombre de pétales.
N’oubliez jamais la règle essentielle de cueillette. Si l’on ne peut identifier à 100% une plante, on s’abstient de la consommer !
Réponses aux questions les plus posées
Oui et non. On peut manger ses jeunes feuilles crues en petite quantité. Il n’y a pas de risque à les ajouter à une salade. Elle renferme toutefois une substance irritante, la protoanémonine. Sa concentration augmente après la floraison de la ficaire, mais disparaît au séchage. On peut aussi faire cuire à l’eau la ficaire pour s’en débarrasser. Lisez l’article pour en apprendre davantage.
La ficaire permet de soulager les hémorroïdes et prévient le scorbut grâce à sa richesse en vitamine C. Toutefois, son usage en interne est fortement déconseillé du fait de sa toxicité.
Pourquoi voudriez-vous lutter contre une plante qui fournit une source précoce de nectar aux insectes pollinisateurs ? Je vous invite à lire l’article qui vous éclairera concernant l’utilité des plantes toxiques.
Vous trouverez cette magnifique plante dans les lieux ombragés ou semi-ombragés, en lisière de forêts, là où le sol est humide et fertile.
Références utilisées pour la rédaction de cet article
– Couplan F. (2017). Le régal végétal – Reconnaître et cuisiner les plantes comestibles. 2017e éd. Vol. 1. Sang de la Terre, Paris, 528 p.
– Dumé G. ; Gauberville C. ; Mansion D. ; Rameau J.C. ; Bardat J. ; Bruno E. ; Keller R. (2018). Flore Forestière française – Plaines et Collines. CNPF, Paris, 2464 p. En savoir plus sur Amazon.
– Couplan F. ; Dubouigne G. (2023). Le petit Larousse des plantes qui guérissent. Larousse, Paris, 1032 p. En savoir plus sur Amazon.
– Moutsie, & Ducerf G. (2021). Récolter les jeunes pousses des plantes sauvages comestibles. 3ème édition. De terran, Escalquens. En savoir plus sur Amazon.
– Luu C. (2021). 1 000 remèdes à faire soi-même. Terre vivante, Mens, 480 p. En savoir plus sur Amazon.
– Tela Botanica. (s. d.). Consulté à l’adresse https://www.tela-botanica.org/bdtfx-nn-27842-synthese